L’Open Data, essentiel pour la mobilité de demain ?
L’Open Data, essentiel pour la mobilité de demain ?
Paris, le 11 octobre 2018 : Les données fournies par les opérateurs de transport sont un moyen d’améliorer l’expérience voyageurs. Des applications mobiles fournissant en temps réel des informations sur les horaires, l’état des services et d’autres informations peuvent ainsi être développées. En plus d’améliorer l’expérience voyageurs, une meilleure information des passagers implique une meilleure utilisation de la capacité du réseau.
Néanmoins, la mise en place de l’Open Data est loin d’être simple. Pour faire la lumière sur ce sujet complexe, Trainline International a tenu une table ronde à Paris, avec un focus particulier sur le cas de la France.
Dans l’Hexagone, l’Open Data dans la mobilité a été principalement poussé par les autorités locales. La Métropole de Rennes par exemple a fait un premier pas en 2009-2010 en demandant à son opérateur de transport, Keolis, de mettre à la disposition du plus large public possible les données de transport de la ville. Depuis, le gouvernement a lancé transport.data.gouv.fr, un référentiel accessible à tous, encadré par la nouvelle loi d’orientation des mobilités (LOM). Celle-ci vise à ouvrir les données afin d’encourager la mise en place de nouveaux services.
Qui en bénéficie et comment ?
« L’Open Data est une réelle révolution dans notre société », estime Jean-Marc Zulesi, député des Bouches-du-Rhône et président du groupe de travail sur l’innovation Assises Nationales de la mobilité. Pourquoi ? « Parce qu’en ouvrant les données, les autorités locales aident à l’optimisation des services de transport, ce qui leur permet en retour de faire des économies. De plus, il est certain que cela plait aux usagers. »
Il voit l’Open Data comme un carburant pour l’innovation. « Je suis convaincu que ça mènera à un avenir meilleur et à un plus juste développement territorial, ce qui est une bonne chose pour l’image des régions de France – tant pour les visiteurs que pour les personnes qui y vivent et y travaillent ou pour ceux qui envisagent de s’y installer. Ça permet la mise en place d’offres comme Trainline ou Mobility as a Service [MaaS], qui fournissent des solutions pour les trajets du quotidien. »
En même temps, il met en garde contre la mise en place de l’Open Data uniquement pour les grandes villes, insistant plutôt sur les réseaux de transport moins développés (avec moins d’itinéraires et moins de services) – « c’est vital si nous voulons réduire la fracture du numérique en France et assurer la mobilité pour tous. Actuellement, il y a des espaces non desservis par les transports que nous pouvons mieux servir en exploitant l’Open Data. »
Au niveau gouvernemental, Ishan Bhojwani de transport.data.gouv.fr explique la plateforme essaie de rendre les données aussi lisibles que possible. Elle agit ainsi comme facilitateur pour développer des services de mobilité innovants. En janvier 2018, 53 agglomérations à travers la France avaient déjà partagé leurs données sur la plateforme, et 50 autres étaient sur le point de le faire. Ce qui signifie que 55% à 60 % de la population française est couvert par l’ouverture des données de mobilité.
En ce qui concerne le rail, la capacité d’améliorer l’attractivité, la performance et l’expérience des trajets, grâce à de nouvelles applications basées sur les données, mérite également d’être prise en compte… surtout compte tenu des préoccupations liées au changement climatique, à la pollution de l’air et à la congestion de la circulation automobile.
« Le train est le moyen le plus écologique de voyager. Grâce à l’Open Data, les autorités locales peuvent rendre le train plus accessible pour un plus grand nombre de passagers[par exemple en améliorant la fiabilité des itinéraires, des horaires et des correspondances], tout en encourageant la simplicité et l’efficacité des services », a souligné Carl Anderson, directeur général de Trainline International.
« Ouvrir toutes les données sans délimitations claires, peut causer des préjudices concurrentiels, stratégiques et commerciaux. D’un autre côté, le partage des données et la coopération peuvent stimuler l’innovation » – p.8 « La valeur des données pour le secteur des transports publics », UITP, Septembre 2018
Exploiter le potentiel
Bien que les opérateurs de transport surmontent progressivement leurs craintes et arrivent à ouvrir les données de mobilité , le chemin reste long à parcourir.
« Notre objectif est de disposer d’une plateforme unique pour comparer toutes les options de transport disponibles, mais pour cela, nous avons besoin de l’Open Data », a déclaré M. Anderson. « Cependant, de nombreux opérateurs de transport ont leurs propres données avec leur propres identifiants, ce qui signifie que leurs données restent isolées et inaccessibles aux autres. »
Cette réticence est en partie due au fait que les entreprises veulent garder leurs clients sur leurs propres plateformes, pour ne pas qu’ils leur ‘glissent entre les doigts’. Mais cette réflexion est contre-productive, estime M. Bhojwani. « S’ils veulent faciliter la mobilité, il parait logique d’aller là où se trouvent les consommateurs. Et ils sont généralement déjà sur des applications très connues comme Google Maps ou Transit. A transport.data.gouv.fr, nous n’avons pas de préférence sur qui utilise les données », a-t-il ajouté.
Pour un service comme Trainline, qui souhaite développer sa capacité de planification de trajets, et qui dépend pour cela des données, l’avenir de la LOM est crucial. « Nous attendons qu’elle soit votée et que le système soit opérationnel jusqu’au bout, avec un jeu de données accessible le plus large et le plus efficace possible », a déclaré Audrey Détrie, directrice, France & Benelux de Trainline International
« La loi d’orientation des mobilités n’est pas une fin en soi. Nous ne devons pas nous arrêter lorsqu’elle deviendra une loi. Elle doit être pleinement implémentée » – Jean-Marc Zulesi