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Environnement sanitaire dans les transports – Alstom et Valeo partagent leurs travaux

Par : Lesley Brown 30 novembre 2021 no comments

Environnement sanitaire dans les transports – Alstom et Valeo partagent leurs travaux

Paris, le 22 novembre 2021 : Pour cette troisième séance de Futura-Mobility sur les conditions sanitaires dans les transports, deux membres du think tank ont partagé une partie de leurs avancées sur le sujet. Alstom a présenté sa feuille de route et les travaux de son groupe « Healthier Mobility™ ». Valeo a fait la démonstration de son portique de mesures de signes vitaux à distance.

Les voyages en bus et en train ne présentent pas de risque de contamination élevé, à condition de prendre certaines précautions. C’est l’une des conclusions d’études menées par la Fraunhofer-Gesellschaft, pour l’autorité fédérale allemande des chemins de fer (EBA) et son unité de recherche, le Centre allemand de recherche sur le trafic ferroviaire (DZSF), auxquelles Alstom a participé.

« La transmission de la Covid-19, lorsqu’elle se produit, se fait principalement par la transmission aérienne d’aérosols », explique Martin Schön, responsable de l’innovation AiM (Alstom in Motion) pour la région DACH. « Le rapport entre l’air repris [air vicié extrait de l’habitacle, puis filtré et mélangé à de l’air neuf pour économiser l’énergie de la climatisation] et l’air neuf est un paramètre important, ainsi que le temps de trajet ». 

La durée des trajets est un facteur de risque de transmission de la Covid-19 : lors de déplacements de longue durée, le risque est plus élevé ; tandis que pour des trajets plus courts dans les transports publics en zone urbaine où l’air est généralement renouvelé plus souvent – les portes des tramways, des bus et des wagons de métro sont ouvertes et fermées plus fréquemment, et certaines fenêtres peuvent être partiellement ouvertes – le risque de transmission de maladies est plus faible.

M. Schön d’ajouter : « Au-delà des mesures de traitement de l’air, comme le « mode pandémie » qui permet l’augmentation de l’apport d’air frais, ou le nouveau filtre antiviral PEPA-Fqui améliore la performance de la filtration, le port des masques reste bien sûr recommandé pour voyager en toute sécurité dans les transports publics. »

Pour un train ‘sain’

En mars 2020, Alstom a créé Healthier Mobility™, un groupe de travail dédié à trouver des solutions pour protéger les personnes (passagers, employés, agents de maintenance…), restaurer la confiance dans les systèmes de transport et offrir une mobilité saine et durable. Même si cette initiative a été accélérée en raison de la pandémie, elle préexistait chez Alstom. Impulsée plusieurs années avant la crise sanitaire, il s’agissait alors de répondre aux exigences des appels d’offres et aux attentes des clients en matière de matériel roulant de nouvelle génération. « En plus de la capacité, de la modularité, de l’intermodalité, de la connectivité et de la sécurité… un train ‘sain’ – qui rassure les passagers et les employés – est la préoccupation la plus récemment exprimée par nos clients », explique Anne Bigand, directrice de l’expérience passagers chez Alstom.

Dès lors, l’équipe chez Healthier Mobility™ s’est concentrée sur cinq domaines d’intervention : nettoyage et désinfection ; traitement de surface ; traitement de l’air ; solutions de mobilité sans contact ; et flux de passagers. « Nous utilisons un processus d’innovation spécial et accéléré pour aller plus vite. Tous les produits sont soumis à une vérification rigoureuse, des tests en laboratoire aux tests in situ », explique Jorge Pereira, responsable de Healthier Mobility™.

Deux innovations sont mises en avant aujourd’hui par Alstom. Ookkit est « un concept de petites poignées personnelles qui se clipsent sur les barres pour se maintenir debout, et qui évitent de les toucher directement », précise Mme Bigand. Cette poignée peut servir également de support pour poser un sac, en l’air du coup plutôt que par terre.

© Alstom

Le ‘rideau d’air’ est une solution facilement intégrable sur des trains existants, qui créée une barrière naturelle pour protéger les passagers.

« Filtrer l’air avec des filtres à haute efficacité – dits HEPA [high-efficiency particule air] – dans les trains n’est pas une pratique courante, car ces filtres impactent fortement la consommation d’énergie et la maintenance [changement des filtres] dans des environnements inappropriés pour ce type de filtre même si certains opérateurs commencent à le demander », ajoute Benjamin Kelley, sub system manager, Alstom.

Le flux important de passagers dans les transports en commun (bus, métros) ayant un impact négatif sur l’efficacité du ‘rideau d’air’, ce produit est plutôt conçu pour les voyages longue distance – interurbains ou au-delà de trois heures.

Une borne sans contact pour mesurer les signes vitaux et pré-diagnostiquer la Covid19

Valeo travaille également à des solutions innovantes pour protéger et rassurer le public. C’est tout l’intérêt de sa borne qui délivre rapidement et sans contact un diagnostic Covid-19 – une des innovations présentées par l’équipementier automobile en septembre 2021 au salon IAA Mobility.

Matthieu Remy de Keolis se faisant tester (négatif !) à la Covid-19 avec l’aide de Sylvie Cavelier de Valeo 

Ce système de dépistage sans contact, une innovation née de la direction innovation Confort et Bien-être de Valeo, combine les technologies en faisant appel à des capteurs, du traitement de données et de l’intelligence artificielle. Conçu pour rendre plus efficace, plus sécurisé et faciliter le suivi des personnes, il cherche à faciliter la vie du personnel soignant.

« Dans le cas de la 1ere campagne de mesure, la borne de Valeo sans contact pour diagnostiquer la Covid-19 détecte 94 % des cas positifs de Covid du variant Alpha », explique Georges de Pelsemaeker, directeur de l’incubateur Start-up et Tech, Pôle Systèmes Thermiques de Valeo.  « Ce score est conforme à la fiabilité exigée par la Haute Autorité de Santé [HAS] pour obtenir la certification et être remboursé par la sécurité sociale. Il est en cours d’analyse pour les variants Delta et Omicron ».

Deux mille personnes ont participé aux tests de la borne, qui est actuellement (novembre 2021) en phase de validation. La certification devrait être obtenue d’ici juin 2022, en vue d’une mise sur le marché en 2023.

« La solution est globalement bien accueillie par les soignants et les patients », dit Sylvie Cavelier, THS Health & Well Being Eco System Architect, Valeo.  « Avec ce dispositif, ils gagneront entre deux et trois minutes entre chaque patient, notamment parce qu’ils ne devront plus changer ni nettoyer les équipements ou encoder manuellement les signes vitaux ».

A terme, au-delà des hôpitaux et des centres de soins, le dispositif pourra être utilisé sur les lieux de travail pour évaluer la santé du personnel ou dans des espaces publics.

Cela pourrait d’ailleurs en étonner certains que Valeo, dont le cœur de métier historique est l’équipement automobile, développe un dispositif de santé. Mais comme l’explique M. de Pelsemaeker, le modèle économique a du sens : « Pas uniquement pour cette solution contre la Covid, mais chaque fois que l’on mesure les signes vitaux. Cette innovation développée dans un secteur – la santé en ce moment qui est une préoccupation majeure – peut très bien être adaptée à d’autres secteurs, comme le transport par exemple ».

Travail d’équipe

Quelles sont les clés pour faire décoller de telles innovations ? Fort du retour d’expérience de l’initiative Healthier Mobility™, M. Pereira prône l’approche d’innovation collaborative adoptée par les équipes R&D d’Alstom à travers le monde. De son côté, Georges de Pelsemaeker de Valeo est convaincu de la nécessité de mettre en commun les connaissances de nombreuses personnes.

Se préparer à l’avenir

Alstom et Valeo, pour poursuivre leurs travaux, se heurtent à un obstacle bien particulier – le manque de normes en matière sanitaire dans les transports. « Nous devons maitriser les conditions de test pour vérifier que les solutions soient vraiment efficaces et pour pouvoir comparer ces solutions les unes aux autres », explique Benjamin Kelley d’Alstom. Dans le contexte actuel, où l’on assiste à un foisonnement d’offres pour combattre la Covid-19 dans les transports, il y a finalement peu de moyens pour confirmer leur efficacité. « Nous avons besoin d’une validation qui garantit l’efficacité opérationnelle du produit pour que les clients retrouvent confiance », ajoute M. Kelley.

Pour accélérer ce processus de normalisation, les entreprises présentes ont émis l’idée d’unir leurs forces pour faire avancer le sujet auprès des organisations de certification et du gouvernement.

« La Covid est un problème en ce moment, mais ce n’est pas le premier virus et ce ne sera certainement pas le dernier », résume Georges de Pelsemaeker. « Nous devons donc nous préparer maintenant et pour l’avenir ».

Dans un avenir proche, les trains seront peut-être équipés de ‘rideaux d’air’ et les gares et les aéroports équipés de systèmes de diagnostic sans contact, comme elles le sont actuellement de cabines photo. Peut-être que cette technologie de diagnostic sera également utilisée dans les voitures pour mesurer la fatigue des conducteurs – un atout précieux pour assurer la sécurité des routes et réduire les primes d’assurance. A suivre…

Traduction avec Joëlle Touré

Photo de couverture © Alstom