Quels comportements des citoyens pour une mobilité durable ?
Quels comportements des citoyens pour une mobilité durable ?
Mardi 23 mai, Futura-Mobility a animé un atelier au sein du Global Mobility Executive Forum organisé par Oliver Wyman en partenariat avec UC Berkeley. Pendant 2 jours à Station F à Paris, les leaders mondiaux de la mobilité, les start-ups, les grands décideurs publics et les représentants du monde académique se sont rassemblés sur le thème « Coalitions intelligentes pour la mobilité durable ».
L’atelier du think-tank Futura-Mobility portait sur les changements nécessaires de comportement des citoyens pour une mobilité durable.
Une trentaine de personnes de 25 organisations différentes ont pu se pencher ensemble sur ce sujet. Les scénarios prospectifs édités par Futura-Mobility ont permis l’inspiration des participants, qui se sont focalisés ensuite sur le scénario #3, appelé « planète first ». Dans ce scénario, les citoyens doivent faire avec un quota d’énergie : pas de mobilité sans énergie propre, à la fois en termes d’émissions de polluants et aussi d’utilisation de matériaux.
Sept sous-groupes ont été formés de 4 à 5 personnes pour réfléchir à des besoins bien précis de mobilité : accéder à un rendez-vous chez le médecin à 3 km de son domicile en ville, faire une tournée internationale de soliste, organiser une grande fête avec les voisins, etc.
Les participants se sont pris au jeu ! Il n’a pas été facile pourtant de travailler sur ces besoins, tant nous ne sommes pas habitués à réfléchir sous contrainte (énergie / efficacité / utilité) lorsqu’il s’agit de mobilités ! Cela nécessite réellement un véritable changement de mode de pensée.
Lors de cet atelier ont été échangées plusieurs réflexions et étonnements face au scénario « planète first » :
L’absence d’un portage politique fort existant pour ce scénario aujourd’hui : quelle vision, quel rêve, quel modèle ?
- La difficulté de sortir mentalement de l’association « croissance = progrès technologique = allongement de la vie humaine » ;
- L’ampleur de l’enjeu qui consiste à traiter de nombreux défis en même temps ;
- L’incompatibilité du capitalisme tel qu’il est conçu et opéré aujourd’hui avec ce scénario ;
- Une nécessaire différenciation du modèle de développement entre les pays déjà développés et les pays en développement.
La crainte d’une fragmentation territoriale, et même communautaire, car tous les territoires ne sont pas dotés des mêmes atouts naturels :
- Comment organiser les échanges de façon à garantir l’accès à tous aux ressources ? Comment ne pas engendrer de trop grandes différences de prix d’un territoire à l’autre ?
- La nécessité pour réussir un tel scénario que l’ensemble des individus et des organisations soient alignés sur l’objectif et jouent le jeu. La non-participation de quelques-uns ayant un impact fort (les personnes les plus aisées notamment) pourraient ruiner le scénario ;
- La nécessité d’utilisation de façon plus efficace les infrastructures existantes, et peut-être un moindre investissement dans des actifs lourds.
La nécessité d’une gouvernance mondiale :
- Le besoin d’une organisation de gouvernance pour piloter l’état de santé de la planète ;
- Un questionnement sur la taille de la population supportable par la planète dans ce scénario. Le scénario table sur 9 milliards d’humains à 2050 (et non 10 comme les prévisions l’annoncent) mais est-ce soutenable ?
La meilleure histoire
Nous avions promis aux groupes que la meilleure histoire serait publiée ! Voilà donc promesse tenue.
2050. Soo-Jin est veuve, et elle a 70 ans. Elle vit seule dans un appartement, au centre d’une ville européenne de taille moyenne. Elle souffre d’un léger handicap moteur mais elle aime beaucoup, et a besoin, de se promener. Elle aime étudier l’évolution du travail dans la société. Elle a besoin de rendre visite à sa famille et à ses amis au moins une fois par semaine pour ne pas rester seule.
Cas n° 1 : Soo-Jin a rendez-vous chez le dentiste, à 3 km de chez elle. Sur le chemin du retour, elle ira peut-être à la pharmacie.
Soo-Jin vit en ville donc elle a le choix. Soit elle fait appel aux transports publics qui sont accessibles à pied de chez elle, dans lesquels elle peut s’asseoir, et qui sont mus par de l’électricité verte ; soit elle utilise le transport à la demande communautaire – covoiturage, ou les cycles légers type « rickshaw ». Elle peut toujours aussi, si elle est particulièrement fatiguée, demander l’aide d’un membre de la famille pour l’accompagner.
Pour son passage à la pharmacie, comme celle-ci est proche du cabinet médical, elle peut y passer en sortant avant de rentrer chez elle. Elle peut aussi demander à se faire livrer avec une livraison à vélo.
En l’occurrence, la pharmacie qu’elle préfère est dans un autre quartier mais c’est un concept innovant. Il s’agit d’un jardin botanique dans lequel les cueillettes sont encadrées pour y glaner les plantes médicinales adaptées à chaque cas. Cela lui permet de marcher un peu plus longtemps en compagnie d’autres personnes dans un cadre agréable.
Cas n°2 : Soo-Jin est invitée à déjeuner avec sa nièce et sa famille. Ils vivent à la campagne, à 20 km de son appartement.
Soo-Jin a plusieurs possibilités là encore. Elle peut commander un minibus à la demande, qui est capable d’adapter les trajets à ses besoins. Dans son cas précis, le bus la laisse faire 10 dernières minutes à pied.
Elle peut également louer pour la soirée une très petite voiture, ultra efficace, propulsée à l’énergie solaire.
Elle peut encore réserver son trajet sur « blabla-horse » ou « blabla-bike ».