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đź’ˇ Impacts du Covid-19 sur les Ă©conomies et l’action future en faveur du climat : perspectives de la Chine

Par : Lesley Brown 27 avril 2020 no comments

đź’ˇ Impacts du Covid-19 sur les Ă©conomies et l’action future en faveur du climat : perspectives de la Chine

9 avril 2020 : quatre mois après l’apparition du Covid-19, quelle est la situation Ă©conomique actuelle de la Chine et comment est-elle susceptible d’Ă©voluer Ă  court et Ă  long terme ? La crise a-t-elle un impact nĂ©gatif sur les ambitions climatiques de la Chine, ou bien peut-elle ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme une opportunitĂ© ? Ă€ l’avenir, comment le pays envisage-t-il ses relations diplomatiques ?

Lors d’un webinaire animĂ© par SĂ©bastien Treyer, directeur exĂ©cutif du think tank français Iddri, Dong Yue, chercheur Ă  l’Energy Foundation China et Li Shuo, de Greenpeace Chine, ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  discuter de ces questions.

« La Chine a plusieurs mois d’avance sur le reste du monde dans la gestion de la crise sanitaire et Ă©conomique », a dĂ©clarĂ© SĂ©bastien Treyer dans son introduction. « Ses perspectives peuvent aider l’Europe Ă  anticiper les impacts Ă  venir et Ă  faire des plans de relance. En outre, les mesures Ă©conomiques prises par la Chine auront un impact sur notre monde globalisĂ©. D’oĂą l’importance d’explorer les possibilitĂ©s de coopĂ©ration entre la Chine et l’Europe pour sortir ensemble de la crise ».

 

Source photo : iddri.org

 

Impacts et rĂ©ponses Ă©conomiques – aujourd’hui et demain

La Chine a 45 jours d’avance sur les pays europĂ©ens en ce qui concerne l’Ă©pidĂ©mie de coronavirus, qui a eu un impact dĂ©vastateur sur son Ă©conomie. En janvier et fĂ©vrier 2020, les bĂ©nĂ©fices industriels du pays ont chutĂ© de 40 %. Il en a Ă©tĂ© de mĂŞme pour les ventes automobiles et immobilières. Les chiffres du commerce international ont chutĂ©, passant d’un excĂ©dent de 42 milliards de dollars (39 milliards d’euros) en janvier-fĂ©vrier 2019 Ă  un dĂ©ficit commercial de 7 milliards de dollars (6,4 milliards d’euros) sur la mĂŞme pĂ©riode en 2020, ce qui reprĂ©sente 0,3 % du PIB.

Pourtant, en ce mois d’avril, le pays montre des signes de reprise, mĂŞme s’ils sont encore timides. « L’Ă©pidĂ©mie est sous contrĂ´le, pour l’instant, et plus de 80 % de la population a repris le travail », a dĂ©clarĂ© Dong Yue. « En ce moment, l’activitĂ© intĂ©rieure en Chine se redresse en partie, mais de nombreuses inconnues subsistent ».

Pour soutenir une reprise Ă©conomique Ă  court terme, le gouvernement a optĂ© pour trois rĂ©ponses : monĂ©taire, par le biais des taux d’intĂ©rĂŞt, des rĂ©serves obligatoires et de l’injection de liquiditĂ©s ; fiscale, par l’introduction de rĂ©ductions et de suspensions d’impĂ´ts et de taxes ; et la stabilisation de l’emploi. Ă€ plus long terme, les mesures porteront sur la relance Ă©conomique de secteurs clĂ©s tels que les infrastructures, l’Ă©nergie, les communications et les transports.

Tous les plans de sauvetage des entreprises chinoises auront un impact durable sur l’Ă©conomie future du pays. La question est de savoir si le gouvernement liera ces plans Ă  des exigences en matière de lutte contre le changement climatique. Serait-ce le moment ou jamais pour la Chine de devenir vraiment « verte » ?  Ou bien, après la pandĂ©mie, le pays va-t-il s’enfermer dans un avenir hautement carbonĂ© ?

La prise de conscience de la nĂ©cessitĂ© d’une transition Ă©cologique pourrait influencer les plans du gouvernement pour l’avenir. Il y a dĂ©jĂ  eu un signe : en mars, le gouvernement a annoncĂ© des mesures visant Ă  accĂ©lĂ©rer les investissements dans les infrastructures afin de contrecarrer l’impact Ă©conomique de la pandĂ©mie de coronavirus et de stimuler une croissance durable. Dans le cadre de ce plan de « nouvelles infrastructures », deux secteurs Ă©cologiques prĂŞts Ă  dĂ©marrer ont Ă©tĂ© identifiĂ©s pour le court terme : les stations de recharge pour vĂ©hicules Ă©lectriques et le train Ă  grande vitesse interurbain.

Dans le cadre de ce plan de relance des infrastructures, les secteurs prioritaires Ă  plus long terme incluent les stations 5G, les grands centres de donnĂ©es, l’intelligence artificielle (IA) et l’internet industriel. « Ils offrent tous des opportunitĂ©s pour une Ă©conomie plus efficace. Cependant, la prise de conscience que cela ne doit pas avoir pour consĂ©quence une augmentation de la production de charbon est Ă©galement prĂ©sente », souligne M. Dong.

La relation de la Chine avec le charbon n’est pas claire. Elle produit dĂ©jĂ  plus d’Ă©lectricitĂ© au charbon qu’elle n’en a besoin, la plupart de ses centrales fonctionnant Ă  environ 40 Ă  50 % de leur capacitĂ©. Pourtant, avant le coronavirus, de nouvelles capacitĂ©s de 200GW Ă©taient en cours de rĂ©alisation. Selon l’économiste Lee Branstetter, cette situation est le rĂ©sultat d’une combinaison de politiques Ă©nergĂ©tiques des annĂ©es 80 et 90 et de dĂ©centralisation des permis de construire pour les centrales Ă  charbon en 2014.

« L’aide Ă  la relance Ă©conomique ne doit pas seulement concerner le PIB mais aussi le changement des mentalitĂ©s », a insistĂ© M. Dong. « Un enfermement dans un système Ă  forte intensitĂ© de carbone sera prĂ©judiciable Ă  la reprise Ă©conomique de la Chine. Nous avons besoin de politiques et d’institutions plus fortes qui fonctionneront sur le long terme ».  En effet, il pense que l’abandon des rĂ©glementations environnementales, après la fin de la pĂ©riode de la Covid-19, serait une grave erreur, suggĂ©rant plutĂ´t de commencer dès maintenant Ă  supprimer progressivement les subventions aux combustibles fossiles alors que les prix du pĂ©trole sont bas, ce qui serait une solution plus intelligente.

Dans l’ensemble, quelle action climatique est susceptible de provenir de la Chine après le confinement ? Il est important de garder Ă  l’esprit que la Chine est un nouveau venu dans la diplomatie climatique mondiale, et qu’elle ne fait que devenir un acteur plus actif depuis sa ratification en 2016 de l’accord de Paris visant Ă  rĂ©duire les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre. En outre, le pays est confrontĂ© Ă  de nouveaux dĂ©fis, tant sur le plan intĂ©rieur que sur la scène mondiale. « Avant que la crise du Covid-19 ne nous frappe, des nuages noirs planaient dĂ©jĂ  sur la politique climatique de la Chine », a expliquĂ© Li Shuo. « Depuis 2018/19, divers facteurs politiques et Ă©conomiques ont changĂ© pour la Chine, comme les prĂ©occupations en matière d’emploi et la confrontation avec les États-Unis, entre autres ».

Après la crise du Covid-19, Ă  court et moyen terme, les dirigeants chinois s’attacheront Ă  prĂ©venir une deuxième vague de l’Ă©pidĂ©mie et Ă  stimuler la reprise Ă©conomique, « de sorte que les questions environnementales seront moins prioritaires », a soulignĂ© un Li Shuo, inquiet. Tout en reconnaissant que ce scĂ©nario pourrait se rĂ©aliser, M. Dong a ajoutĂ© qu’il est vital que le gouvernement rĂ©alise que « l’argent consacrĂ© au climat aujourd’hui permettra de faire des Ă©conomies plus tard ». Il a Ă©galement estimĂ© que des changements Ă©taient dĂ©jĂ  en cours en Chine, avec « un dĂ©bat national très animĂ© en ce moment sur la gestion de la faune sauvage… des amendements aux lois… ».

 

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Les relations UE-Chine : une fenĂŞtre d’opportunitĂ© ?

Comment les relations entre la Chine et l’Europe vont-elles se rĂ©tablir au lendemain de la pandĂ©mie ? M. Dong compte clairement sur le plan d’investissement dans les « nouvelles infrastructures » comme point de dĂ©part potentiel d’une action commune Ă  l’avenir, pour discuter de la manière de moderniser l’Ă©conomie chinoise et d’amĂ©liorer sa consommation intĂ©rieure. « Le diable est dans les dĂ©tails, c’est pourquoi le dialogue entre la Chine et l’Europe est crucial. Mais je pense que ce plan d’infrastructure est un signe dans la bonne direction et une opportunitĂ© importante ».

La Chine et l’UE ont assurĂ©ment des prĂ©occupations communes. Par exemple, comment investir pour obtenir des avantages Ă©conomiques et des emplois Ă  long terme, une meilleure qualitĂ© de l’air, une rĂ©duction de la pollution, la protection de l’environnement et la transition Ă©nergĂ©tique ? Ă€ l’avenir, ces dĂ©fis pourraient bien encourager la coopĂ©ration, « avec des accords et des outils, comme le « Green Deal » de l’Union europĂ©enne, par exemple, servant de base Ă  un dialogue multilatĂ©ral productif », a suggĂ©rĂ© M. Dong.

 

  • Le « Green Deal » europĂ©en est une feuille de route conçue pour rendre l’Ă©conomie de l’Union europĂ©enne durable. « Cela se fera en transformant les dĂ©fis climatiques et environnementaux en opportunitĂ©s dans tous les domaines de la politique et en rendant la transition juste et inclusive pour tous » – Commission europĂ©enne

 

En rĂ©sumĂ©, alors que des mesures sont prises sur diffĂ©rents fronts en Chine en ce moment, Dong Yue et Li Shuo s’accordent Ă  dire qu’il y a encore beaucoup d’inconnues. NĂ©anmoins, il devient clair pour la communautĂ© internationale que la vie post-pandĂ©mique offrira au pays le choix entre deux voies : l’une menant Ă  un avenir plus durable ou l’autre Ă©tant un simple « retour Ă  la normale ».

 

Source photo : iddri.org