Salon Autonomy 2017
Salon Autonomy 2017
Conduite autonome, blockchain, et vélos en libre-service sont les sujets saillants retenus par Futura-Mobility du salon Autonomy 2017.
Y a-t-il (encore) un pilote dans l’avion ?
D’après Patrick Ayad. Associé et Responsable monde de l’automobile et de la mobilité chez Hogan Lovells : « Les constructeurs automobiles regardent maintenant dans quatre directions – la technologie, l’électrification, la connectivité et le transport. Et ils pensent qu’ils doivent investir dans les quatre directions ».
Dans le domaine du véhicule autonome, les constructeurs sont impliqués dans les champs de la régulation et de la fiabilité, qui, dans l’ensemble, sont couverts par les conventions de Genève et de Vienne, signés et ratifiés par plusieurs pays. Sachant qu’il y a aussi des amendements en discussion concernant les accords UNECE.
Malgré un manque de réglementation sur le sujet et une grande quantité de questions encore ouvertes, les voitures autonomes roulent déjà sur la voie publique grâce à des permis d’expérimentation.
« En Europe, tout le monde se demande ce que va faire le conducteur et s’il faut encore un conducteur pour reprendre la main sur le véhicule, alors qu’aux Etats-Unis, le système de pilotage est le conducteur », d’après M. Ayad.
Il pointe également du doigt que l’arrivée de véhicules autonomes transfère la responsabilité du conducteur au constructeur ou à l’opérateur des véhicules.
Voitures connectées : une nouvelle source de revenus dont tout le monde veut sa part
Face au consommateur, il y a en général un vendeur, mais avec l’avènement des voitures connectées, les équipementiers et les autres fournisseurs veulent aussi avoir accès au consommateur, pour avoir accès aux données générées par la connectivité. M. Ayad l’affirme « Les nouveaux entrants pénètrent ce marché uniquement pour cette raison… donc finalement à qui appartiendra la précieuse donnée ? »
Il ajoute : « Ce sera vraiment intéressant de voir l’évolution des lois de protection des données ».
LA VILLE ÉLECTRIQUE ET LE VÉLO PARTAGÉ 2.0
A mesure que la mobilité urbaine prend ses distances avec les énergies fossiles, et fait une place aux petits véhicules électriques comme la Twizy (ci-dessous), ou d’autres, les bornes de recharge électriques vont certainement fleurir en ville.
D’un autre côté, le temps est peut-être révolu pour bornes de recharge des systèmes de vélos partagés.
En parallèle de la tendance croissante pour les villes d’inclure les vélos électriques dans leur offre de transport (par exemple un tiers des Vélib’ à Paris vont passer à l’électrique), une autre est prête à inonder les villes : le partage de vélos en total libre-service, sans borne. Cette tendance a été confirmée au salon Autonomy par la présence de nombreux exposants faisant la promotion d’un tel service, porte à porte, comme la jeune start-up chinoise ofo ou encore le singapourien oBike.
En seulement deux ans d’existence, la start-up a inondé plus de 200 villes chinoises de 7,5 millions de vélos partagés. L’intérêt d’un tel système est évident : le cycliste déverrouille le vélo en scannant un QRcode, utilise puis laisse où il veut et le verrouille de la même façon à la fin de sa période de location. Un système qui va certainement concurrencer très fortement les systèmes de partage avec bornes communs dans nos villes européennes…
DANS LE RADAR
Une innovation remarquable au salon Autonomy : le vélo à mains électrique et sans transbordement pour les personnes en fauteuil roulant, par le français benur.
Invention du fondateur et entrepreneur Joseph Mignozzi (photo ci-dessus), ce trois-roues est accessible, sans assistance, ce qui donne aux utilisateurs plus d’indépendance qu’avec d’autres modèles existants sur le marché. D’après Benur : « vous pouvez monter et descendre facilement, sans aucune aide. C’est un peu comme chevaucher un char romain ! »
BLOCKCHAIN
Un des buzz du moment dans le monde des entreprises est la fameuse blockchain. En d’autres termes, cette technologie de registre distribué, est une base de données capable de collecter et de stocker des transactions et des biens à travers des réseaux décentralisés, point à point. Le monde de la mobilité se demande du coup comment bénéficier de ses innombrables applications.
Buzz ou business ? Au salon Autonomy, la conférence « tout sur la blockchain : conversation avec des experts » affichait complet.
« Aujourd’hui, nous avons des drones, des voitures volantes, des capteurs et plus de données que jamais auparavant, mais il manque le système qui va gérer tout ça », d’après Dominik Schiener, co-fondateur de la IOTA Foundation. « Des registres distribués, des réseaux mondiaux point à point, en ce moment en phase de prototype, constituent la réponse ».
Un registre distribué est une base de données, certes, explique-t-il, mais surtout, au-delà de partager la donnée, ce qui en fait quelque chose d’exceptionnel, ce sont des attibuts comme le consensus ou l’immunité de la donnée.
Pour rendre le concept plus concret, il a présenté quelques exemples, comme :
– les paiements et micro-paiements de machine à machine – par exemple, une voiture aurait un porte-monnaie et donc pourrait gagner de l’argent en conduisant ou payer certains services en toute autonomie
– l’automatisation de processus sous forme de contrat intelligent, soit un bout de code. Cela bénéficierait à la gestion de la supply chain par exemple : l’automatisation d’un bon de livraison est beaucoup plus efficace et moins cher que les méthodes archaïques basées sur le papier.
- Le futur de la mobilité est dans les réseaux collaboratifs et le partage de ressources
Une des tentations de la blockchain est l’idée que les gens puissent reprendre le contrôle de leurs données ; données que nous donnons aujourd’hui gratuitement à des tiers somme les opérateurs télécoms ou les compagnies de transport.
L’intervenant Jochen Renz de New Mobility Consulting Inc. a insisté sur cette bascule déterminante du pouvoir depuis « eux » vers « nous » : « la donnée vous revient et c’est vous qui décidez qui la voit et l’utilise ». La réappropriation des données par les individus est la réelle valeur ajoutée de la blockchain. Un trajet sera gratuit si j’accepte de donner les droits sur mes données à la compagnie de transport. Ce sera monétisé donc je pourrai être transporté gratuitement ».
« Aujourd’hui, Uber est propriétaire de tout l’écosystème, et donc, vous et le chauffeur, n’avez rien à dire. Les chauffeurs vont pouvoir décider et faire des choix collectifs », ajoute M. Schiener.
« Avec la technologie des registres distribués, vous pouvez décider des données que vous voulez ou non partager et avec qui. C’est réellement puissant. C’est une redistribution du pouvoir du consommateur au prosommateur. Il y aura une incitation forte à partager les données car cela vous permettra de gagner de l’argent. »
- Payer le transport et garder vos données, ou céder vos données pour un trajet gratuit, ce sera à vous, prosommateur, de décider.