.. Chargement en cours ..

Le fret ferroviaire français – sur quels rails ?

Par : Lesley Brown 12 décembre 2017 no comments

Le fret ferroviaire français – sur quels rails ?

Paris, le 15 octobre : « Et maintenant, osons l’avenir ! »

« On est en train de vivre la fin des opérateurs historiques. Regardez ce qui se passe en Allemagne ! » Dans son discours fort instructif, Jacques Chauvineau, président d’ Objectif OFP (photo ci-dessous) n’a pas mâché ses mots en s’adressant à l’assistance de près de 400 personnes.

© Objectif OFP

« Nous avons besoin de densifier le réseau et d’aller chercher de la marchandise dans les territoires. On ne doit pas attendre que la Chine réveille la France ! »

La première session de la matinée – « Quelles réformes urgentes pour libérer le potentiel du fret ferroviaire ? »   a fait remonter certains messages clés, notamment :

 

  • Le fret ferroviaire paie plein pot ses infrastructures (prix des sillons), mais son concurrent le routier, non

« Pourquoi la France n’a-t-elle pas mis en œuvre l’écotaxe ? Je ne comprends pas ! » s’est exclamé Gottfried Eymer, président d’Euro Cargo Rail (ECR). « Le contexte économique du fret ferroviaire en France ne conduit pas au succès économique. »

« Le transport routier ne paie qu’une fraction des coûts de son activité, comparativement au rail », a déploré Eric Debrauwere, président de RegioRail.

 

  • Des solutions pour remonter le secteur existent

En particulier, la maintenance insuffisante du réseau et le manque de cohérence et de stabilité de la politique des différents gouvernements ont été soulignés  la Suisse, par exemple, est en train de construire ses objectifs 2030-2036 !

M. Debrauwere suggère la mise en place d’une véritable politique de l’Etat pour soutenir le rail français. Quant à M. Eymer, il insiste sur l’importance de gérer la relation entre SNCF Réseau (gestionnaire du réseau français) et les diverses autorités comme, par exemple, le Ministère du Transport, pour transmettre des observations pour la refonte du secteur, ou l’Autorité de la Concurrence, pour faire attention aux cartels et aux ententes du secteur. De son côté, l’Association Française du Rail (AFRA) propose d’aller plus loin dans la gouvernance des hubs capillaires.

« Notre part de responsabilité nous oblige à nous réinventer, en partie à travers l’innovation digitale, pour améliorer l’efficacité des opérations et proposer de nouvelles offres et services », a déclaré Philippe Bihouix, directeur d’activités internationales de Fret SNCF.

« Mais pour cette réinvention, Fret SNCF a aussi besoin d’un contexte stable et lisible. » Sur ce point il a pris l’exemple des subventions, de la standardisation et du passage des frontières. Il a également insisté sur la nécessaire « prise en charge de toutes leurs externalités par les différents modes de transport de marchandises. »

 

  • Il y a aussi des initiatives internationales dans les cartons qui pourraient bien donner un coup de main à la filière française en berne

Le projet « Let’s RAIL together », mené par United Transport and Logistics Company (UTLC), une filiale des Chemins de Fer Russes (RZD), est en train de réaliser des plans pour établir un « pont ferroviaire » entre la Chine et l’Europe, de frontière à frontière. « Nous avons pour objectif de transporter 170 000 EVP [équivalent un conteneur de 20 pieds en 2017] », dit Alexy Grom, président d’UTLC.

Ou encore la nouvelle route de la soie (initiative « Belt and Road » ou « One Belt, One Road »), lancée en 2013 par le président chinois Xi Jinping pour relancer l’ancienne Route de la Soie, terrestre et maritime. Ce plan ambitieux comprend une large offre de fret ferroviaire entre l’Extrême Orient et l’Europe. La Grande Bretagne est partenaire depuis le début et, plus récemment (novembre 2017), le Maroc a signé un protocole d’accord avec la Chine pour y participer.

© Objectif OFP

 

Il est temps de changer d’approche

Le fret ferroviaire français n’est pas en bonne santé. Durant cette matinée, il est apparu clairement que SNCF Réseau était un bouc émissaire facile et que le gestionnaire d’infrastructure payait les erreurs stratégiques du passé.

Mais rien n’est perdu. « En France le secteur représente aujourd’hui 17% du transport de marchandises ; le potentiel de développement est énorme », a souligné Gottfried Eymer. Le simple fait qu’autant de personnes assistaient à cette Journée-conférence est aussi bon signe.

Il semble également y avoir un consensus général sur les raisons du déclin du marché ce qui constitue une bonne base pour apporter des changements et éviter les erreurs du passé.  En outre, l’innovation (le rail digital, la connectivité) offre sûrement une fenêtre d’opportunités, parmi d’autres.

Mais pour que le secteur se redresse vraiment, tous les acteurs concernés du terrain au bureau  doivent retrousser leurs manches et jouer un rôle actif. Comme l’a affirmé Marc Bizien : « Nous [SNCF Réseau] ne sommes pas les seuls acteurs impliqués. Il y a aussi les autorités organisatrices de transport pour les TER [trains express régionaux], l’Etat pour les TET [trains d’équilibre du territoire] et l’Arafer [Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières] pour certains aspects comme le système tarifaire. »

 

Cliquez-ici pour lire le numéro spécial de La Lettre Ferroviaire dédiée au fret.