GPTS Montréal : Alstom, à quel point êtes-vous « smart » ?
GPTS Montréal : Alstom, à quel point êtes-vous « smart » ?
Paris, le 27 avril : un bus-inspiré-par-le-tram et des systèmes conçus pour stimuler le QI du transport a pris le devant de la scène lors de la conférence de presse d’Alstom du jour.
« Notre vision de la ‘ mobilité intelligente ’ va au-delà de la technologie numérique pour une meilleure intégration du rail dans la mobilité urbaine », a déclaré le PDG d’Alstom Henri Poupart-Lafarge.
Plutôt que de réinventer la roue, la vision d’Alstom sur la « mobilité intelligente » consiste à faire de l’innovation incrémentale. Les solutions présentées vont des bus Aptis 100% électriques et des navettes autonomes aux cartes de métro interactives en temps réel, à l’information du taux d’occupation des rames sur les voies ou encore à l’entretien prédictif du matériel roulant.
Un portefeuille d’innovations qui sera présenté lors du prochain Sommet mondial des transports publics (GPTS) de l’UITP à Montréal.
Tram-inspiration
D’abord et avant tout, Aptis – un bus de douze mètres de long avec une capacité de 100 passagers. Développé par Alstom et sa filiale basée en Alsace NTL, le prototype actuel est de plancher bas, sa salle invite plus à se tenir debout plutôt qu’assis, et il dispose de grandes baies vitrés et d’une zone « lounge » à l’arrière.
Il convient de noter que les essieux sont situés aux extrémités du véhicule (ce qui lui donne une allure de crabe) « pour permettre aux conducteurs de s’arrêter au plus près des trottoirs et réduit l’espace de manœuvre nécessaire », a souligné M. Poupart-Lafarge.
Les batteries du véhicule peuvent être rechargées la nuit dans le dépôt, ou rapidement à la fin de chaque ligne pendant les opérations quotidiennes. La charge rapide peut s’opérer soit via un pantographe inversé soit via un SRS, le système de chargement rapide au sol d’Alstom.
Refusant d’être interrogé sur le prix d’achat, M. Poupart-Lafarge s’est concentré plutôt sur son autonomie de 200 km, ses faibles coûts de maintenance et d’exploitation. Selon un communiqué de presse, « [le véhicule a] un coût total de possession équivalent aux bus diesel actuels ».
La ville de Paris, l’autorité de transport Stif, et l’opérateur RATP sont en train d’élaborer les détails d’un programme ambitieux baptisé Grand Paris des Bus. Probablement mis en œuvre à la fin 2018 / début 2019, ce plan hautement complexe vise à restructurer et à améliorer le réseau desservant la ville et ses alentours.
Afin de rassurer les clients potentiels sur le fait que la mobilité électrique peut être intégrée graduellement et de manière rentable dans leurs réseaux de transport, Alstom prévoit dans son offre à la fois le véhicule et le système entier (dimensionnement, options de recharge, infrastructure routière, crédit-bail et options de garantie).
Aptis devrait être testé à Paris et sa région dans les prochains mois.
Combler les vides
Ayant acquis des actions dans la navette autonome (photo ci-dessous), EasyMile, Alstom cherche clairement à augmenter ses chances lors des appels d’offres de transport public de grande envergure (rail, métro, tram et bus).
L’ajout de ces véhicules autonomes (logiciel développé par EasyMile, véhicules construits par le fabricant Ligier), pour assurer le premier/dernier km au sein de ses offres intégrées, est probablement une bonne opération pour Alstom. Dans leur volonté d’encourager les déplacements multimodaux, les autorités (souvent en manque de moyens financiers) cherchent de plus en plus des moyens comme le vélo, le partage de deux roues, ou des mini-bus, pour combler efficacement les trous dans les parcours – et ce pour éviter l’usage des voitures particulières.
- « La semaine dernière, (fin avril 2017), le Conseil de la ville de New York a adopté une résolution qui oblige le Département des Transports de la ville de New York à étudier et à proposer des solutions aux dessertes de métro – notamment pour les quartiers avec un accès médiocre à ce système de transport dont le nombre moyen de passager en semaine est supérieur à cinq millions ». (Source : nextcity.org)
De la construction des trains à la fourniture de solutions de mobilité
Les autres solutions « des innovations intelligentes pour une mobilité plus intelligente » présentées lors de l’événement de presse incluent :
- OrbanMap, une carte de métro intelligente que les passagers peuvent consulter dans les stations. Développée par Metrolab (joint-venture entre Alstom et la RATP), elle fournit des informations sur l’état du trafic dans le métro et sur la ville (via les réseaux sociaux) ;
- Lié à OrbanMap et également développé par Metrolab, le système Optimet permet de voir en temps réel l’occupation des rames. Il est conçu pour améliorer le flux de passagers et réduire l’encombrement dans les wagons. « Il devrait permettre un gain de temps d’environ 10 à 15% lors de l’embarquement et de la descente », a déclaré M. Poupart-Lafarge ;
- Pour renforcer la gestion des opérations multimodales, le système de contrôle Mastria regroupe les différents systèmes de transport dans une ville (bus, métro, train, tram). Les algorithmes sont utilisés pour anticiper l’augmentation de la demande de trafic de passager (météo, événements publics majeurs) et donc permettre aux opérateurs de déployer des flottes en conséquence = gestion de la capacité et de la consommation d’énergie plus intelligentes ;
- HealthHub est un système de maintenance prédictive pour les trains, la signalisation et l’infrastucture.
En avant vers le futur la puissance des partenaires
En ce qui concerne l’innovation, la stratégie d’Alstom semble reposer en partie sur l’utilisation de son expertise actuelle dans de nouveaux domaines, en partie sur la mise en place de partenariats avec des entreprises de technologie notamment pour élargir le spectre des compétences du groupe.
Alstom possède des parts (montant non divulgué) dans EasyMile avec deux objectifs : inclure les véhicules autonomes dans son offre et, ultérieurement, intégrer la technologie dans Aptis.
Les Véhicules autonomes : un outil de changement majeur pour la mobilité urbaine – un document publié en janvier 2017 par l’UITP, détaille les défis à venir et décrit une voie à suivre pour introduire les véhicules autonomes dans les villes.
Récemment, en avril 2017, Alstom a signé un accord de coopération avec Airbus pour échanger les connaissances sur la cybersécurité. « Nous sommes fiers de coopérer avec Airbus, le leader mondial de l’aviation, sur ce programme, qui offrira aux opérateurs des solutions de cybersécurité innovantes et efficaces pour un transport plus sûr », a déclaré Pascal Cléré, vice-président principal de la division Digital Mobility d’Alstom. « Cette coopération est pleinement conforme à notre ambition d’être le précurseur du domaine de la cybersécurité ferroviaire ».
L’autonomie des trains interurbains et le leadership du marché d’ici à 2020 sont liés à ce sujet de la cybersécurité. M. Poupart-Lafarge a tenu à souligner les avantages de cette technologie, au-delà des économies liées aux conducteurs. « Cela permettra une plus grande flexibilité des flottes par rapport à l’infrastructure et aux facteurs extérieurs aux trains ».
Sur le sujet des résultats du groupe, le numéro un d’Alstom est resté évasif : « Nous sommes en bonne position pour bénéficier des développements au cours des cinq dernières années ».
Il ne voit pas la technologie Hyperloop (dans laquelle la SNCF a investi) et les véhicules volants (comme à Dubaï) comme des concurrents directs du rail ; mais il ne les écarte pas non plus. En effet, le message est clair – « si les opportunités d’intégration découlent de ces technologies dans les années à venir, Alstom est intéressé ».
Le compte est bon
Le 4 mai dernier, Alstom a enregistré un montant de commandes de 10 milliards d’euros en 2016/2017, qui comprenait un contrat de 3,2 milliards d’euros en Inde.
Le niveau soutenu de R & D (coûts bruts) s’élève à 248 millions d’euros, soit 3,4% des ventes pour l’année fiscale 2016/17.
La société affirme qu’au cours des 12 derniers mois, elle a continué de mettre en œuvre sa stratégie 2020, qui repose sur une organisation axée sur le client, une gamme complète de solutions, la création de valeur par l’innovation, l’excellence opérationnelle et environnementale, une politique RH basée sur la diversité et l’entrepreneuriat.
D’ici 2020, les ventes devraient augmenter de 5% par an.
« Nous sommes particulièrement fiers d’avoir obtenu le premier contrat pour les trains à grande vitesse aux États-Unis », a déclaré M. Poupart-Lafarge. « Un accent particulier a également été mis sur l’innovation avec le lancement du premier train à hydrogène, ainsi qu’un certain nombre de solutions numériques qui répondent aux nouveaux besoins des clients et aux attentes des passagers ».