đĄ Le vĂ©lo en France – la roue tourne
đĄ Le vĂ©lo en France – la roue tourne
Paris, le 24 janvier : lors de cette confĂ©rence de presse, les membres du Club des villes & territoires cyclables et du âClub des Ă©lus nationaux pour le vĂ©loâ ont fait le point sur l’Ă©volution de lâutilisation du vĂ©lo en France et explorĂ© les perspectives pour 2019 et au-delĂ .

La grande nouvelle, c’est le Plan vĂ©lo & mobilitĂ©s actives. Ce plan, composĂ© de 25 mesures et dotĂ© d’un budget de 350 millions d’euros pour les sept prochaines annĂ©es, a Ă©tĂ© annoncĂ© par le Premier ministre Edouard Philippe en septembre 2018. DĂ©sormais, les collectivitĂ©s locales peuvent soumettre des projets afin de bĂ©nĂ©ficier dâune partie de lâenveloppe de 50 millions d’euros mise Ă disposition chaque annĂ©e.
Les confĂ©renciers ont semblĂ© satisfaits de la forme et du contenu d’ensemble du Plan, tout en reconnaissant qu’il y a encore place Ă amĂ©lioration. « Il inclut les mesures attendues et reprĂ©sente une rĂ©elle prise de conscience au niveau gouvernemental, y compris en matiĂšre budgĂ©taire », a dĂ©clarĂ© Pierre Serne, prĂ©sident du Club des villes & territoires cyclables.
Le Plan s’articule autour de quatre axes d’actions visant Ă surmonter les obstacles identifiĂ©s et Ă rĂ©pondre aux attentes du public, Ă savoir :
- développer des pistes cyclables de qualité et, plus largement, améliorer la sécurité sur les routes ;
- lutter contre le vol de vélos ;
- mettre en place un cadre incitatif adapté qui reconnaisse pleinement le vélo comme un mode de transport pertinent et vertueux ;
- dĂ©velopper une culture du vĂ©lo : sensibilisation des enfants au vĂ©lo, apprentissage prĂ©coce du code de la route, promotion des avantages du vĂ©lo…… Diverses initiatives seront mises en place pour que le « rĂ©flexe vĂ©lo » soit adoptĂ© naturellement dĂšs le plus jeune Ăąge.
UtilisĂ© pour seulement 2,7 % des dĂ©placements quotidiens, le vĂ©lo en France a encore un longue route Ă parcourir pour rattraper la moyenne europĂ©enne de + 6 %. Par le biais de son Plan national, le gouvernement espĂšre porter le nombre d’usagers Ă 9 % d’ici 2024.
« Par rapport Ă nos voisins, nous sommes Ă la traĂźne : le vĂ©lo reprĂ©sente 10% des dĂ©placements en Allemagne et 28% aux Pays-Bas, contre seulement 3% en France. Il Ă©tait grand temps d’agir ! » François de Rugy, ministre français de la transition Ă©cologique et solidaire – Plan vĂ©lo et mobilitĂ©s actives, 14 septembre 2018
Actions, incitations et financement
Tout en se fĂ©licitant que le vĂ©lo dispose dĂ©sormais d’un budget dĂ©diĂ© pour les sept prochaines annĂ©es et que le Plan soit officiellement en place, Mathieu Orphelin, dĂ©putĂ© de Maine-et-Loire, a nĂ©anmoins insistĂ© sur l’importance de la mise en Ćuvre de ces mesures. « C’est aux collectivitĂ©s locales et aux dĂ©partements qu’il appartient de soumettre leurs projets pour bĂ©nĂ©ficier des financements actuellement disponibles. En effet, nous n’avons toujours pas assez de propositions, il nous en faut plus », a-t-il insistĂ©.
L’enveloppe de 350 millions d’euros devrait contribuer Ă allĂ©ger la pression financiĂšre qui pĂšse sur les collectivitĂ©s locales et les encourager ainsi Ă faire de la bicyclette une prioritĂ©. Avant le Plan, elles devaient financer elles-mĂȘmes les initiatives en faveur du vĂ©lo. D’autre part, comme l’a soulignĂ© Michel Gillot, les collectivitĂ©s locales en France sont confrontĂ©es Ă une rĂ©duction de leur dotation globale de fonctionnement provenant de lâEtat.
« 2018 a Ă©tĂ© une annĂ©e sans prĂ©cĂ©dent pour le vĂ©lo, mĂȘme si nous n’avons pas obtenu les 200 millions d’euros demandĂ©s Ă l’origine », commente Jean-Baptiste Gernet. « En effet, nous devons faire ce que nous pouvons avec ces 50 millions d’euros annuels. Les prochaines Ă©tapes en 2019 doivent inclure le maintien des discussions entre les dĂ©putĂ©s et les collectivitĂ©s locales afin d’apporter les ajustements nĂ©cessaires pour que le Plan fonctionne bien. Il ne doit pas ĂȘtre trop compliquĂ© Ă utiliser », a-t-il averti.
Il est toutefois satisfait des incitatifs Ă©conomiques prĂ©vus dans le Plan, comme les rĂ©ductions d’impĂŽt pour les entreprises qui achĂštent des vĂ©los partagĂ©s pour leur personnel. Il a toutefois insistĂ© sur l’importance de mettre sur un pied d’Ă©galitĂ© le soutien de l’Ătat au vĂ©lo et Ă l’automobile, par exemple en fournissant une aide financiĂšre pour l’achat de vĂ©los Ă assistance Ă©lectrique.
Un exemple de soutien de l’Ătat Ă l’automobile est la prime Ă la conversion introduite en janvier 2018 dans le cadre du Plan Climat. Cette mesure incitative vise Ă encourager les gens Ă passer Ă des voitures Ă plus faible teneur en carbone, leurs anciens vĂ©hicules Ă©tant mis Ă la casse. A partir du 1er janvier 2019, jusqu’Ă 4 000 ⏠sont offerts pour l’achat de certains modĂšles de vĂ©hicules thermiques neufs ou d’occasion, et jusqu’Ă 5 000 ⏠pour une voiture Ă©lectrique ou hybride rechargeable, neuve ou d’occasion.
Mathieu Orphelin sâest inquiĂ©tĂ© de problĂšmes Ă venir sur le budget prĂ©vu pour le Plan. Lors de l’Ă©tablissement du budget en 2018, des recettes supplĂ©mentaires Ă©taient attendues provenant de la hausse de la taxe sur les carburants (dite Ă©cotaxe) et des amendes pour excĂšs de vitesse. Or, le mouvement des « gilets jaunes » engendre une perte sur ces revenus.
En effet, en rĂ©ponse Ă ses demandes, le prĂ©sident Macron a suspendu l’Ă©cotaxe et « environ 60 % des radars automatiques sur les routes de France ont Ă©tĂ© mis hors service, attaquĂ©s ou dĂ©truits par ceux qui soutiennent ce mouvement », avait dĂ©clarĂ© Christophe Castaner, ministre de l’intĂ©rieur, devant la presse le 10 janvier 2019.
Selon Le Parisien (10 janvier 2019), « les chiffres officiels situent le nombre de radars automatiques en France Ă 3 200, dont 2 500 sont utilisĂ©s pour le contrĂŽle de vitesse ». Selon les chiffres les plus rĂ©cents de la Cour des comptes, en 2017 ces radars ont gĂ©nĂ©rĂ© un montant record de 1,97 milliards d’euros pour l’ensemble des infractions au code de la route, dont un milliard provenant d’amendes pour excĂšs de vitesse, feux de circulation et passages Ă niveau.
« Il va y avoir un déficit de financement [pour le Plan vélo & mobilités actives] mais il ne faut pas couper les budgets pour le vélo ou le développement durable », a alerté M. Orphelin.