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💡 Le vĂ©lo en France – la roue tourne

Par : Lesley Brown 6 février 2019 no comments

💡 Le vĂ©lo en France – la roue tourne

Paris, le 24 janvier : lors de cette confĂ©rence de presse, les membres du Club des villes & territoires cyclables et du ‘Club des Ă©lus nationaux pour le vĂ©lo’ ont fait le point sur l’Ă©volution de l’utilisation du vĂ©lo en France et explorĂ© les perspectives pour 2019 et au-delĂ .

De gauche Ă  droite: Michel Gillot, vice-prĂ©sident du Club des villes et territoires cyclables, dĂ©putĂ© maire de Saint-Cyr-sur-Loire, prĂ©sident du Groupe vĂ©lo Tours MĂ©tropole ; Jean-Baptiste Gernet, vice-prĂ©sident du Club des villes et territoires cyclables, conseiller de Strasbourg EuromĂ©tropole, dĂ©putĂ© maire de Strasbourg ;  Guillaume Gouffier-Cha, dĂ©putĂ© du Val-de-Marne ; Mathieu Orphelin, dĂ©putĂ© du Maine-et-Loire ; Pierre Serne, prĂ©sident du Club des villes & territoires, conseiller rĂ©gional d’Ile-de-France ; Catherine Hervieu, conseillĂšre municipale de Dijon

 

La grande nouvelle, c’est le Plan vĂ©lo & mobilitĂ©s actives. Ce plan, composĂ© de 25 mesures et dotĂ© d’un budget de 350 millions d’euros pour les sept prochaines annĂ©es, a Ă©tĂ© annoncĂ© par le Premier ministre Edouard Philippe en septembre 2018. DĂ©sormais, les collectivitĂ©s locales peuvent soumettre des projets afin de bĂ©nĂ©ficier d’une partie de l’enveloppe de 50 millions d’euros mise Ă  disposition chaque annĂ©e.

Les confĂ©renciers ont semblĂ© satisfaits de la forme et du contenu d’ensemble du Plan, tout en reconnaissant qu’il y a encore place Ă  amĂ©lioration. « Il inclut les mesures attendues et reprĂ©sente une rĂ©elle prise de conscience au niveau gouvernemental, y compris en matiĂšre budgĂ©taire », a dĂ©clarĂ© Pierre Serne, prĂ©sident du Club des villes & territoires cyclables.

Le Plan s’articule autour de quatre axes d’actions visant Ă  surmonter les obstacles identifiĂ©s et Ă  rĂ©pondre aux attentes du public, Ă  savoir :

  • dĂ©velopper des pistes cyclables de qualitĂ© et, plus largement, amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© sur les routes ;
  • lutter contre le vol de vĂ©los ;
  • mettre en place un cadre incitatif adaptĂ© qui reconnaisse pleinement le vĂ©lo comme un mode de transport pertinent et vertueux ;
  • dĂ©velopper une culture du vĂ©lo : sensibilisation des enfants au vĂ©lo, apprentissage prĂ©coce du code de la route, promotion des avantages du vĂ©lo…… Diverses initiatives seront mises en place pour que le « rĂ©flexe vĂ©lo » soit adoptĂ© naturellement dĂšs le plus jeune Ăąge.

UtilisĂ© pour seulement 2,7 % des dĂ©placements quotidiens, le vĂ©lo en France a encore un longue route Ă  parcourir pour rattraper la moyenne europĂ©enne de + 6 %. Par le biais de son Plan national, le gouvernement espĂšre porter le nombre d’usagers Ă  9 % d’ici 2024.

« Par rapport Ă  nos voisins, nous sommes Ă  la traĂźne : le vĂ©lo reprĂ©sente 10% des dĂ©placements en Allemagne et 28% aux Pays-Bas, contre seulement 3% en France. Il Ă©tait grand temps d’agir ! » François de Rugy, ministre français de la transition Ă©cologique et solidaire – Plan vĂ©lo et mobilitĂ©s actives, 14 septembre 2018

Actions, incitations et financement

Tout en se fĂ©licitant que le vĂ©lo dispose dĂ©sormais d’un budget dĂ©diĂ© pour les sept prochaines annĂ©es et que le Plan soit officiellement en place, Mathieu Orphelin, dĂ©putĂ© de Maine-et-Loire, a nĂ©anmoins insistĂ© sur l’importance de la mise en Ɠuvre de ces mesures. « C’est aux collectivitĂ©s locales et aux dĂ©partements qu’il appartient de soumettre leurs projets pour bĂ©nĂ©ficier des financements actuellement disponibles. En effet, nous n’avons toujours pas assez de propositions, il nous en faut plus », a-t-il insistĂ©.

L’enveloppe de 350 millions d’euros devrait contribuer Ă  allĂ©ger la pression financiĂšre qui pĂšse sur les collectivitĂ©s locales et les encourager ainsi Ă  faire de la bicyclette une prioritĂ©. Avant le Plan, elles devaient financer elles-mĂȘmes les initiatives en faveur du vĂ©lo. D’autre part, comme l’a soulignĂ© Michel Gillot, les collectivitĂ©s locales en France sont confrontĂ©es Ă  une rĂ©duction de leur dotation globale de fonctionnement provenant de l’Etat.

« 2018 a Ă©tĂ© une annĂ©e sans prĂ©cĂ©dent pour le vĂ©lo, mĂȘme si nous n’avons pas obtenu les 200 millions d’euros demandĂ©s Ă  l’origine », commente Jean-Baptiste Gernet. « En effet, nous devons faire ce que nous pouvons avec ces 50 millions d’euros annuels. Les prochaines Ă©tapes en 2019 doivent inclure le maintien des discussions entre les dĂ©putĂ©s et les collectivitĂ©s locales afin d’apporter les ajustements nĂ©cessaires pour que le Plan fonctionne bien. Il ne doit pas ĂȘtre trop compliquĂ© Ă  utiliser », a-t-il averti.

Il est toutefois satisfait des incitatifs Ă©conomiques prĂ©vus dans le Plan, comme les rĂ©ductions d’impĂŽt pour les entreprises qui achĂštent des vĂ©los partagĂ©s pour leur personnel. Il a toutefois insistĂ© sur l’importance de mettre sur un pied d’Ă©galitĂ© le soutien de l’État au vĂ©lo et Ă  l’automobile, par exemple en fournissant une aide financiĂšre pour l’achat de vĂ©los Ă  assistance Ă©lectrique.

Un exemple de soutien de l’État Ă  l’automobile est la prime Ă  la conversion introduite en janvier 2018 dans le cadre du Plan Climat. Cette mesure incitative vise Ă  encourager les gens Ă  passer Ă  des voitures Ă  plus faible teneur en carbone, leurs anciens vĂ©hicules Ă©tant mis Ă  la casse. A partir du 1er janvier 2019, jusqu’Ă  4 000 € sont offerts pour l’achat de certains modĂšles de vĂ©hicules thermiques neufs ou d’occasion, et jusqu’Ă  5 000 € pour une voiture Ă©lectrique ou hybride rechargeable, neuve ou d’occasion.

Mathieu Orphelin s’est inquiĂ©tĂ© de problĂšmes Ă  venir sur le budget prĂ©vu pour le Plan. Lors de l’Ă©tablissement du budget en 2018, des recettes supplĂ©mentaires Ă©taient attendues provenant de la hausse de la taxe sur les carburants (dite Ă©cotaxe) et des amendes pour excĂšs de vitesse. Or, le mouvement des « gilets jaunes » engendre une perte sur ces revenus.

En effet, en rĂ©ponse Ă  ses demandes, le prĂ©sident Macron a suspendu l’Ă©cotaxe et « environ 60 % des radars automatiques sur les routes de France ont Ă©tĂ© mis hors service, attaquĂ©s ou dĂ©truits par ceux qui soutiennent ce mouvement », avait dĂ©clarĂ© Christophe Castaner, ministre de l’intĂ©rieur, devant la presse le 10 janvier 2019.

Selon Le Parisien (10 janvier 2019), « les chiffres officiels situent le nombre de radars automatiques en France Ă  3 200, dont 2 500 sont utilisĂ©s pour le contrĂŽle de vitesse ». Selon les chiffres les plus rĂ©cents de la Cour des comptes, en 2017 ces radars ont gĂ©nĂ©rĂ© un montant record de 1,97 milliards d’euros pour l’ensemble des infractions au code de la route, dont un milliard provenant d’amendes pour excĂšs de vitesse, feux de circulation et passages Ă  niveau.

« Il va y avoir un déficit de financement [pour le Plan vélo & mobilités actives] mais il ne faut pas couper les budgets pour le vélo ou le développement durable », a alerté M. Orphelin.