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Conviction # 7

Conviction # 7

 

L’économie de l’attention s’apprête à transformer le business model de la mobilité

La mobilité tend à devenir de plus en plus confortable et à permettre d’autres activités que celle du transport lui-même. Aujourd’hui déjà, dans un train ou un VTC — et bientôt dans un avion avec l’arrivée du wifi —, les voyageurs peuvent travailler, aller sur les réseaux sociaux, s’informer, écouter la radio, se restaurer, faire des achats, etc. Les voitures autonomes sont quant à elles conçues dès le départ pour permettre différentes activités. La tendance va s’amplifier avec l’élargissement des occupations proposées (sport, sieste…) et l’accroissement de la connectivité des moyens de transport.

Ainsi, voit-on le domaine de la mobilité progressivement envahi par l’économie de l’attention. Celle-ci consiste à faire des affaires par l’exploitation du temps d’attention des personnes. C’est le modèle des moteurs de recherche.

Pour les acteurs dominants de cette économie, Google en premier lieu, la mobilité représente donc un moyen d’accès à plus de temps d’attention. La voiture autonome — pour laquelle ils ont, en plus, naturellement des compétences — représente un véritable cheval de Troie de cette économie de l’attention et attire ainsi les investissements de certains GAFAM, BATX, ou NATU(a). Google, par exemple, a déjà investi 1,1 milliard de dollars dans son programme de voitures autonomes quand Intel a déboursé 15 milliards pour racheter la start-up israélienne Mobileye qui développe des technologies de reconnaissance de terrain et d’évitement d’obstacles. De son côté, Microsoft a participé en 2021 à la levée de fonds de 2 milliards d’euros de Cruise, la filiale de véhicule autonome de General Motors, principale concurrente de Waymo(b).

Or, il y a malheureusement fort à parier que ces entreprises s’intéressent plus à l’attention des passagers qu’aux enjeux majeurs de la mobilité que sont la décongestion des zones urbaines, la santé des voyageurs ou encore la réduction de l’impact climatique. Aussi, le risque pour les transports de devenir un sous-produit d’un business plus lucratif est bien réel.

Pour continuer de relever les défis propres à la mobilité, il revient donc aux acteurs historiques du secteur de s’emparer d’une partie de l’économie de l’attention pour rester compétitifs. Il appartient également aux pouvoirs publics de ne pas laisser les nouveaux entrants dicter la mobilité du futur.

 

Notes :

a BATX pour les quatre géants du net chinois : Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi. NATU pour Netflix, Airbnb, Tesla et Uber.

b https://www.journaldunet.com/economie/automobile/1498269-vehicule-autonome-apres-google-les-autres-gafam-entrent-dans-la-course/

CHIFFRES CLÉS

1,1

milliard de dollars = ce qu’aurait investi Google (Waymo) entre 2009 et 2015 dans la voiture autonome.

7 000

milliards de dollars = ce que pourrait apporter l’avènement des véhicules autonomes à l’économie mondiale d’ici à 2050.

8

secondes = le temps d’attention moyen des humains contre 12 en l’an 2000 (moins qu’un poisson rouge).

REGARD D'EXPERT

Guillaume Devauchelle

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