💡 Vers une mobilité sans carbone
💡 Vers une mobilité sans carbone
Traduit de l’anglais par JoĂ«lle TourĂ©
Paris, 29 août : lors de ce petit-déjeuner de travail organisé par le groupe Ecosys, des intervenants représentant les transports routiers, ferroviaires, aériens et maritimes en France ont débattu des défis et des opportunités auxquels leur secteur est confronté par le virage de la mobilité sans carbone.
Après une introduction par Pierre Nogue, prĂ©sident d’Ecosys, CĂ©line Chauveau, directrice de projet chez Ecosys, a prĂ©sidĂ© le panel – voir photo ci-dessous.

Réduire les émissions de carbone – la situation actuelle, secteur par secteur
Selon Jean-Jacques Thomas, directeur Innovation et Digital de SNCF RĂ©seau, la SNCF a commencĂ© Ă prendre des mesures pour dĂ©carboner ses activitĂ©s relativement tard par rapport aux autres modes de transport. « Au dĂ©part, Ă la SNCF, le thème de la dĂ©carbonation n’Ă©tait pas considĂ©rĂ© comme une prioritĂ© puisque le rail en France est dĂ©jĂ très efficace sur ce plan », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Mais aujourd’hui, nous sommes conscients qu’un jour viendra oĂą le rail n’aura plus une si grande avance. »
« L’aviation par contre est sur la voie de la dĂ©carbonation depuis longtemps », a dĂ©clarĂ© Thierry Rouge-Carrassat, directeur de l’innovation de Safran. « Il y a une prise de conscience gĂ©nĂ©rale maintenant, mais le sujet n’est pas nouveau. » Dans le cadre de ses efforts en ce sens, l’industrie s’est fixĂ©e des objectifs tels qu’une croissance neutre Ă partir de 2021, selon le plan Corsia (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation), et la rĂ©duction des Ă©missions par deux en 2050 par rapport Ă 2005.
Compte tenu de la durĂ©e de vie Ă©levĂ©e des navires – de 50 Ă 70 ans – le transport maritime est confrontĂ© au mĂŞme problème de renouvellement de la flotte que l’aviation. Ce qui complique encore les choses, c’est que les navires peuvent changer de mains plusieurs fois au cours de ces nombreuses dĂ©cennies. Pourtant, comme deux cents des plus grands porte-conteneurs en mer produisent la mĂŞme quantitĂ© de soufre que toutes les voitures du monde, selon une Ă©tude menĂ©e en 2018 par James Corbett, des mesures doivent ĂŞtre prises. « Pour innover, des solutions qui peuvent s’ajouter pendant l’utilisation des navires sont Ă l’Ă©tude », explique GaĂ«lle Rousseau, responsable Ă©co-conception de Naval Group.
Dans l’industrie automobile, il y a un changement de paradigme qui rĂ©side dans le fait qu’aucune technologie ou solution bas-carbone ne domine, comme c’Ă©tait le cas pour le diesel Ă l’Ă©poque. « Il s’agit plutĂ´t de trouver les meilleures technologies/solutions, qui sont nombreuses et doivent ĂŞtre adaptĂ©es aux contextes locaux », a dĂ©clarĂ© Philippe Watteau, directeur gĂ©nĂ©ral de Vedecom.
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Innovation, action et perspectives
Les intervenants ont ensuite discutĂ© des innovations qui, selon eux, Ă©taient les plus prometteuses pour leur secteur dans l’avenir. Trois domaines en particulier – les Ă©nergies alternatives, l’Ă©co-conception et l’optimisation – se sont dĂ©marquĂ©s.
- Changement d’Ă©nergie
« Le trafic aĂ©rien de moins de 1 000 km reprĂ©sente 50 % des vols et 20 % des Ă©missions. Avec la technologie hybride, nous pourrions faire dĂ©coller des avions Ă l’aide de moteurs Ă©lectriques puis passer Ă la combustion pendant le vol de croisière », a dĂ©clarĂ© M. Rouge-Carrassat. Cette approche, a-t-il expliquĂ©, permettrait de rĂ©duire la pollution sonore et atmosphĂ©rique aux abords des aĂ©roports et, en croisière, le biocarburant pourrait contribuer Ă rĂ©duire l’empreinte carbone des vols.
Dans le ferroviaire, les trains hybrides et Ă hydrogène font leur entrĂ©e. A ce jour, 20 % du trafic ferroviaire en France s’effectue au diesel, principalement en zone urbaine, et seulement la moitiĂ© des 30 000 km du rĂ©seau français est Ă©lectrifiĂ©e. En aoĂ»t 2019, SNCF a annoncĂ© son intention de commander 15 trains Ă hydrogène Coradia iLint au constructeur Alstom et de lancer des trains rĂ©gionaux hybrides dans les prochaines annĂ©es.
Le transport maritime envisage Ă©galement l’hydrogène et les moteurs hybrides (diesel-Ă©lectrique ou mĂŞme Ă turbine d’avion). Le dĂ©fi pour ce secteur, en particulier, est que 70 % de l’Ă©nergie consommĂ©e par un navire est liĂ©e Ă son système de propulsion alors qu’il s’avère difficile d’amĂ©liorer les performances.
- Éco-conception – réfléchir en amont
Dans le transport maritime, l’Ă©co-conception consiste Ă prendre en compte l’ensemble du cycle de vie des navires pour limiter leurs impacts nĂ©gatifs sur l’environnement. Dans le cadre de cette approche, Naval Group se concentre actuellement sur la pollution par les plastiques, les particules de NOx et de Sox, et la gestion des eaux de ballast pour Ă©viter la contamination biologique d’un endroit Ă l’autre dans le monde.
- Optimiser les actifs existants
Les chemins de fer français sont confrontĂ©s Ă un dilemme : comment augmenter la capacitĂ© ferroviaire dans les zones denses oĂą la construction d’infrastructures supplĂ©mentaires est compliquĂ©e, coĂ»teuse ou tout simplement impossible ? Une solution consiste Ă utiliser des technologies de pointe pour augmenter le trafic sur un tronçon de voie donnĂ©. C’est le cas du projet Eole Ă Paris, qui prolonge une ligne de train de banlieue très frĂ©quentĂ©e Ă 55 km Ă l’ouest.

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« Grâce au nouveau système automatisé CBTC [Communication-Based Train Control] appelé NExTEO, installé sur la section centrale de la ligne [Eole], il sera possible de faire circuler des trains à 120 km/h toutes les trois secondes », a déclaré M. Thomas.
Unir ses forces
Pour faire progresser la recherche et les solutions avant qu’elles n’arrivent sur le marchĂ© et que la concurrence n’entre en jeu, Vedecom explore les questions prĂ©compĂ©titives avec des constructeurs concurrents. L’Institut travaille Ă©galement avec les fournisseurs et les gestionnaires d’infrastructures, « ce qui est vital car, en fin de compte, il n’y a rien de plus dĂ©pendant qu’un vĂ©hicule autonome », a dĂ©clarĂ© M. Watteau.
Les partenariats directs entre Ă©quipementiers existent Ă©galement. Safran et Valeo, par exemple, se sont associĂ©s pour adapter l’autonomie et l’intelligence artificielle (IA) de l’industrie automobile Ă l’industrie aĂ©rienne, et inversement. « Il y a tellement de possibilitĂ©s », a ajoutĂ© M. Rouge-Carrassat. « Pour comprendre et explorer des solutions d’avenir, Safran s’appuie Ă©galement sur des instituts et des think tanks comme Futura-Mobility. »