Ifsttar fait le buzz avant le lancement de l’Université Gustave Eiffel
Ifsttar fait le buzz avant le lancement de l’Université Gustave Eiffel
8 janvier 2019 : la principale annonce de ce déjeuner de presse, organisé par l’institut de recherche français Ifsttar, est la confirmation que l’Université Gustave Eiffel ouvrira bien ses portes le 1er janvier 2020.
Cette nouvelle structure académique, dédiée à la ville et à la mobilité, s’appuie sur les partenaires de l’Ifsttar, l’Université Paris-Est-Marne-la-Vallée et l’école d’ingénieurs EIVP, l’Ecole d’architecture de la ville & des territoires de Marne-la-Vallée, ENSG et ESIEE Paris. Elle vise à décloisonner les universités, les grandes écoles et la recherche, tout en prenant des engagements forts en matière d’apprentissage et d’accompagnement des politiques publiques.
« Cette université comblera notre déficit de formation et concernera tous les niveaux – licence et maîtrise, plus d’autres types de diplômes – dans la perspective de permettre aux diplômés de travailler pour les municipalités, les centrales d’achat et les entreprises », explique Hélène Jacquot-Guimbal, directrice générale de l’Ifsttar. « Une telle approche nous aidera à accélérer la mise en application sur le terrain des travaux de recherche. Les structures traditionnelles prennent souvent trop de temps. »
L’Ifsttar propose un programme spécial à l’Université Gustave Eiffel pour les étudiants qui envisagent une carrière dans le secteur de la mobilité, et travaille également avec France Mobilités. Lancée par la ministre des Transports Elisabeth Borne en 2018, l’initiative France Mobilités vise à soutenir l’expérimentation, le développement et la diffusion en France de toutes les innovations pour les déplacements quotidiens et à relancer le secteur.
Au cœur de deux initiatives majeures pour soutenir l’innovation en matière de mobilité
L’Ifsttar est partie prenante de deux nouveaux hubs dédiés au transport, dont le lancement est prévu début 2019.
Les équipes de l’institut Vedecom, de l’Ifsttar et de Transdev se sont associées pour créer mobiLAB à Versailles destiné à soutenir l’innovation dans le secteur automobile dans les Yvelines (région parisienne). A partir de février 2019, chercheurs et ingénieurs collaboreront et développeront conjointement leurs travaux sur la mobilité du futur, en mettant l’accent sur le véhicule autonome. Les Yvelines sont le premier département automobile français avec 45 000 emplois dans le secteur, dont 15 000 chercheurs.
Transpolis est une nouvelle plateforme technologique, de recherche et d’essais dédiée à l’innovation en matière de mobilité dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Avec 45 partenaires publics et privés, dont Bouygues, membre de Futura-Mobility, elle explorera des domaines tels que les systèmes de transport dans la ville en réseau (où tous les systèmes urbains tels que les rues, l’approvisionnement en eau, la surveillance et le transport seraient reliés), l’attractivité, la sûreté et la sécurité des systèmes de transport (y compris le confort des usagers), les systèmes de transport innovants, avec une attention particulière à la connectivité et l’autonomie.
S’inspirer de la nature
A propos des recherches de l’Ifsttar dans les domaines du génie géotechnique, de l’environnement, des risques naturels et des sciences de la terre, Eric Gaume, directeur du département géotechnique, a déclaré que la durabilité et l’économie circulaire sont actuellement deux priorités du département.
Pour améliorer la durabilité des bâtiments et des infrastructures, les chercheurs explorent l’amélioration de la conception de leur structure. Il s’agit de « rester en contact avec notre environnement, notre milieu naturel, et d’étudier le fonctionnement de leurs mécanismes », a déclaré M. Gaume.
C’est dans cette optique que s’inscrit le projet BioAdd de l’Ifsttar, qui étudie les performances mécaniques de la cire d’abeille et de la forme hexagonale de l’alvéole des ruches. « Il pourrait être possible d’appliquer leurs procédés à nos méthodes de fabrication d’additifs », a suggéré Jean-Michel Torrenti, directeur du département matériaux et structures.
Biomimétisme et fabrication d’additifs – que pouvons-nous apprendre des abeilles ?
Matériaux et réduction des impacts
Décrivant l’économie circulaire comme « un sujet émergent important », M. Torrenti a évoqué le projet expérimental de collaboration E3S en cours à Châtenay-Malabry, en région parisienne.
Partie intégrante d’un projet de nouvel éco-quartier en construction entre 2017 et 2024, E3S a établi quatre priorités de développement urbain durable : de faibles émissions de carbone, la nature dans la ville – incluant l’agriculture urbaine et la biodiversité –, les nouvelles utilisations – notamment les services urbains et numériques –, l’économie circulaire.
« Tous les matériaux de construction de ce quartier sont recyclés à 100% sur place », a déclaré M. Gaume. « L’idée derrière cette approche E3S est de préserver les ressources et de trouver des moyens de réduire l’impact des matériaux utilisés pour les bâtiments et les infrastructures. »
« C’est pour cela que l’Ifsttar aime travailler avec des matériaux généralement considérés comme bas de gamme, plutôt que des matériaux de haute qualité », a ajouté Mme Jacquot-Guimbal. « L’utilisation de matériaux qui, en théorie, ne sont pas utilisables, fait partie de notre démarche de développement durable. »
Collaborer avec l’industrie tout en conservant son indépendance
En ce qui concerne la relation entre la recherche et l’entreprise, l’approche de l’Ifsttar diffère de celle rencontrée par Futura-Mobility lors de son voyage en Amérique du Nord, en mai 2017.
L’université de recherche publique McGill de Montréal et le laboratoire d’apprentissage machine (MILA) de l’Université de Montréal pourraient être comparés respectivement à l’Université Gustave Eiffel et à l’Ifsttar. Mais les deux organisations canadiennes reconnaissent et accueillent ouvertement le soutien financier des groupes de l’industrie.
Au MILA, la recherche fondamentale est financée par des fonds publics. La recherche appliquée est, elle, financée par des fonds privés, mais les chercheurs sont libres d’accepter ou non le selon le sujet proposé par l’entreprise.
À McGill, le financement de la recherche est classé en trois catégories :
- Subvention de recherche : tout ou partie du financement provient d’un organisme du secteur public.
- Contrat de recherche : financé uniquement par l’industrie.
- Chaires de recherche industrielle : une entreprise peut travailler en étroite collaboration avec un chercheur universitaire.
« Nous ne suivons pas le système américain », a déclaré Mme Jacquot-Guimbal, évoquant l’importance du maintien de l’indépendance financière. « Avec 80 % des activités de l’Ifsttar financées par des subventions, qui paient nos salaires et nos frais de fonctionnement, et 20% par des contrats avec l’industrie, nous ne sommes pas obligés d’accepter chaque contrat juste pour continuer à fonctionner. Nous travaillons sur des questions sociétales parce qu’elles sont aussi valables que celles qui viennent du monde des affaires. »
En même temps, elle a assuré que l’Ifsttar n’est en aucun cas fâché avec les entreprises ! « Bien sûr, ils ont le droit de participer à la recherche et il est important que notre travail leur soit utile. Mais nous devons garder le contrôle. »