easyJet vise le ciel électrique
easyJet vise le ciel électrique
27 septembre 2017, London Gatwick: les vols court-courriers et les trajets au sol, des divertissements gratuits en vol, et des drones automatiques pour la maintenance des avions ont été les thèmes abordés lors de cette journée de l’innovation d‘easyJet’s Innovation Day.
« Aujourd’hui, nous voulons montrer que voler avec easyJet sera plus facile à chaque étape », a affirmé le CTO de l’opérateur, Peter Duffy. « Grâce au digital et aux données, et portés par le grand potentiel de l’intelligence artificielle, nous pouvons accélérer chaque étape du processus ».
Comme les bus, les trains, les voitures sont en train de passer à l’électrique, les avions peuvent difficilement rester en retrait. Pour rester dans la course, easyJet soutient la start-up américaine, Wright Electric dans son ambition d’offrir au court-courrier un appareil électrique dans la prochaine décennie.
« Notre rôle est de fournir à Wright des enseignements issus d’une compagnie aérienne comme par exemple la gestion des opérations ou le lien avec les aéroports », a ajouté M. Duffy.
Il a poursuivi : « C’est la première fois que l’industrie peut envisager de ne plus reposer uniquement sur du kérosène », évoquant un e-avion avec un rayon d’action de 530 km, capable de transporter 180 passagers, ce qui représenterait 20% des destinations d’easyJet.
« Je n’ai jamais osé espérer cela », a commenté Bertrand Piccard, fondateur de Solar Impulse, sur LinkedIn. « Tout va maintenant plus vite que je ne l’avais jamais imaginé. Après avoir fait atterrir Solar Impulse à Abu Dhabi (en juin 2016), après 43 000 km sans une goutte de carburant, j’avais prédit les avions électriques pour 50 passagers dans une dizaine d’années. Pas forcément solaire, dans ce sens qu’ils ne génèrent pas forcément leur propre électricité en vol, mais en rechargeant des batteries au sol avant le décollage. Tout le monde pensait que j’étais un doux rêveur. Aujourd’hui, j’ai même été dépassé par la réalité technologique. C’est fantastique ! »
« Le kérosène est cher et son prix est volatil. L’électricité moins, en plus elle permet des réductions de coûts et des bénéfices environnementaux en termes d’émissions de gaz à effet de serre et de bruit » a précisé le CEO de Wright Electric, Jeffrey Engler.
« Pour nous dans l’aviation, l’électricité est la clé du vol silencieux », a affirmé Patrick Gandil, Directeur de l’Aviation Civile en France lors d’une séance de Futura-Mobility en Juin 2017.
Sur le plan environnemental, EasyJet est en train de marquer des points…
Avec leurs moteurs SAFRAN CFM Leap-1A, leurs avions Airbus A320neo (deux actuellement en service; 98 à livrer avant août 2022) émettent 15% de C02 en moins et sont 50% plus silencieux que le reste de l’actuelle flotte de 279 appareils.
Poussant un peu plus les aspects environnementaux, la carte suivante d’easyJet est la mise en place d’engins de piste électriques. Ils seront introduits à London Gatwick pour faire reculer les 60 avions d’easyJet basés dans cet aéroport.
Capable de pousser jusqu’à 20 avions avec une seule charge, le TLD TPX100e, tracteur sans barre, remplacera les engins au diesel utilisés actuellement et qui tournent inoccupés, entre deux opérations.
easyJet s’est également creusé la tête sur le déplacement des avions au sol (taxiing en anglais).
L’aviation utilise 4% de sa consommation de fuel pour le déplacement des avions au sol. Pour éliminer les émissions locales que cela génère, et réduire le bruit également, la compagnie a conclu un partenariat avec l’entreprise française Safran pour essayer le e-taxi avec une pile à hydrogène.
Safran Power Units teste actuellement la pile à combustible (utilisant l’hydrogène) en grandeur réelle, en ayant intégré son système sur les avions d’EasyJet.
easyJet, Safran Landing Systems et Safran Power Units vont expérimenter le couplage du système de traction électrique et la pile à hydrogène pour réalisation les opérations au sol en 100% électrique.
La pile à combustible sera combinée avec le système de e-taxi de Safran, et installée dans le train d’atterrissage de l’appareil. Elle fournira l’électricité nécessaire au système, permettant à l’avion de réaliser les opérations au sol en toute autonomie, sans utiliser les moteurs principaux, et donc sans kérosène.
Une fois ce système mis en place sur toute la flotte, « cette innovation peut potentiellement économiser 50 000 tonnes de kérosène et les émissions associées par an », d’après l’ingénieur Gary Smith. Les essais sont prévus à l’aéroport de Toulouse en 2018.
« C’est une étape cruciale pour l’utilisation de l’hydrogène dans les avions », affirme Didier Godart, vice-président innovation de Safran. « C’est aussi le point d’orgue d’un travail mené depuis douze ans par Safran dans le but de réduire drastiquement les émissions polluantes ».
Comme c’est le cas dans d’autres segments du transport comme le rail par exemple (voir Altametris en France), quand il s’agit d’améliorer l’efficacité des opérations, la maintenance est au programme. En particulier pour easyJet, qui a pour objectif de maintenir ses avions en vol 11 heures par jour (pour éviter les coûts sur le tarmac) et faire des arrêts au sol de seulement 30 minutes.
L’utilisation des drones, ou Unmanned Aerial Vehicles (UAVs), pour l’inspection des appareils promet de baisser significativement la durée de ces opérations.
La compagnie a déjà réalisé un certain nombre d’essais, avec Blue Bear et Createc. L’idée est que les UAVs fassent des relevés détaillés de la surface des avions, que les ingénieurs pourront utiliser pour détecter des défauts en vue d’une surveillance ultérieure ou d’une opération de maintenance.
« Les drones peuvent aussi être utilisés pour sécuriser le périmètre des aéroports » ajoute Cathal Corcoran, CIO de l’aéroport de Gatwick.
Cliquer ici pour voir la démonstration de drone
« Nous avons plus de 21 millions de personnes qui ont téléchargé nos applications aujourd’hui, mais quelle est la suite ? », se demande Dan Young, qui dirige chez easyJet les applications et l’expérience digital du passager.
Le lancement est prévu en juin 2017 d’un ‘skill’ Amazon Alexa qui permettra aux passagers de rapidement vérifier leur billet d’avion, et ensuite d’une application encore en développement qui répondra à la voix pour localiser les services aéroportuaires.
Le divertissement gratuit en vol est également au programme. En partenariat avec Rakuten et Immfly, le service, baptisé ‘Air Time’, sera à l’essai sur 5 des avions de la compagnie suisse.
>> Retour vers le futur
En tant que ‘magasins phares’, easyJet souhaite également voir ses ports d’escale monter la barre. Le programme ‘airports of the future’– « pour des voyages plus tranquilles et sans couture » selon le directeur commercial Ian Cairns, promeut de nouvelles technologies comme les portes d’embarquement, les services de bagagerie ou les passerelles automatiques pour « amener plus de gens à leur destination dans les temps ».
« L’enregistrement est un point critique du voyage en avion » affirme M. Cairns. « Grâce à la reconnaissance faciale et d’autres technologies, in fine, vous pourrez voyager uniquement avec votre visage ».
« En plus de technologies comme Google Home ou Amazon Alexa, nous nous intéressons également à des systèmes de conversation comme les ’chatbots’ pour pourvoir donner plus d’informations aux passagers », ajoute M. Corcoran.