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Comment sécuriser l’environnement sanitaire dans les transports ?

Par : Joëlle Touré 5 juin 2021 no comments

Comment sécuriser l’environnement sanitaire dans les transports ?

 par Joëlle Touré, déléguée générale, Futura-Mobility

Le vendredi 28 mai 2021 – à distance – a eu lieu une séance de Futura-Mobility sur la sécurisation de l’environnement sanitaire proposé aux passagers dans les transports. Comme l’exprime Jean-Pierre Lyonnet, référent technique des produits de nettoyage à la SNCF, « avec l’avènement du virus, les gens étaient tout d’un coup sensibilisés à avoir des moyens de transports plus propres ! ». L’enjeu de la profession est également aujourd’hui de rassurer les passagers pour qu’ils pratiquent de nouveau les transports en commun.

Lors de cette séance, les échanges ont été nourris entre industriels de la mobilité avec la participation d’experts d’Airbus, d’Air France, de Valeo, de Bouygues, de Keolis et de la SNCF. Plusieurs enseignements et pistes de travail ont été partagés.

En premier lieu, l’assemblée s’accorde sur le fait que, pour la Covid19, ce ne sont pas les surfaces qui sont les plus contaminantes mais l’air respiré. D’autant plus que la propreté des mains et la limitation du contact avec les surfaces font partie des gestes barrières appliqués massivement.

Renouvellement de l’air en flux vertical pour un habitacle sain 

De fait, Valeo comme Airbus avec Air France mettent en avant le renouvellement de l’air à l’intérieur des véhicules. Dans les avions, les rares cas avérés de contamination, que ce soit par le coronavirus, les grippes ou encore la tuberculose (via une bactérie) ont été observés dans les cas où le système de ventilation était tombé en panne pour une longue durée en escale. « L’air est extrêmement sec dans un avion… c’est important de le signaler car l’hygrométrie joue aussi un rôle dans la propagation des maladies bactériennes et virales », explique Vincent Feuillie, médecin conseil d’Air France. Ainsi, un air sec signifie un milieu particulièrement hostile pour les microbes et donc une très faible propagation parmi les passagers. Dans un avion, l’air est renouvelé très régulièrement – environ 50 % de l’air est recyclé et 50 % vient directement l’extérieur. Cette circulation de l’air est réalisée du haut vers le bas et non pas de l’avant vers l’arrière. « Ainsi, les postillons sont rabattus vers le bas et non vers le voisin », note le Dr Feuillie.

Dans les bus, la priorité est la même. Pascale Herman, Directrice de la Recherche, de l’Innovation et du Marketing Produit chez Valeo Thermal System explique que « pour des considérations énergétiques [chauffage et climatisation des véhicules], on ne peut pas utiliser à 100 % l’air extérieur – on a besoin d’un certain taux de recirculation – et dans ce cas-là il faut absolument traiter l’air pour éviter la contamination. Dans une voiture, peu, dans un bus, beaucoup ! ». Ainsi, l’usage de filtres de bonne qualité est la norme aujourd’hui, quels que soient les véhicules – avions, bus, tramways, voitures.

Valeo s’interroge sur l’ajout de modules additionnels, « notamment pour les taxis où il y a du monde qui entre et qui sort toute la journée et pour éviter les contaminations d’un passager à l’autre ou des passagers au chauffeur », partage Mme Herman. Du côté des bus, « ce qui a changé [avec la crise de la Covid-19], c’est qu’on a ajouté des modules UV sur les plafonds. Donc l’air est aspiré vers le haut, tout de suite assaini et injecté dans le système de climatisation. On a déjà équipé 2 000 bus au Brésil, aux États-Unis et en Allemagne. On est en train d’échanger avec la France sur ce concept. »

L’Asie est le lieu de très nombreuses innovations. Bouygues Asia en a sélectionné quelques-unes qui sont présentées par Vincent Maret, directeur Open Innovation au sein du groupe Bouygues. Elles s’attèlent à une meilleure circulation de l’air ou des traitements par l’ozone ou les UV comme chez Valeo. Elles s’appuient notamment sur la robotique et l’intelligence artificielle.

Robot à la gare de Takanawa au Japon (source photo : zmp.co.jp)

A ce sujet, Catherine Thibaud, docteur en sciences, en charge de la qualité de l’air en cabine chez Airbus, alerte sur les (fausses) promesses de ces nouveaux systèmes se ventant d’être très efficaces contre la Covid-19, et insiste sur la nécessité de vérifier que les nouveaux systèmes de purification d’air n’utilisent pas de produits nocifs pour les personnes. « Chez Airbus, on est très vigilant de ce côté-là, pour s’assurer que les systèmes mis en avant ne produisent pas d’éléments qui sont potentiellement plus nocifs que ce contre quoi on se bat ! ». A ce titre, tous s’accordent à dire que l’ozone n’est pas une bonne solution.

Pas de recette miracle pour le nettoyage et la désinfection des surfaces

Pour ce qui est des surfaces, l’enjeu est surtout d’éviter la contamination par les surfaces très touchées et de rassurer les passagers.

Au Japon, en Indonésie ou en Chine, il n’est pas rare de voir des robots nettoyer et désinfecter.  En France, tous s’accordent à dire, après avoir mené de nombreuses recherches et tests, que le bon vieux « chiffonnage au savon » est encore la solution la plus efficace ! La toxicologie des produits nettoyants pour les passagers ainsi que leur impact sur les matériaux pour qu’ils gardent leurs propriétés (retardantes contre les incendies, propriétés mécaniques…) sont à prendre en compte.

Poursuite des travaux de recherche

L’innovation sur le sujet n’est pourtant pas en reste. En France, la société Trajet-Aunde fabrique des textiles autonettoyants depuis de quatre ans, donc bien avant la survenue de la Covid-19 dans notre quotidien !

Grâce à une technologie américaine basée sur la photocatalyse, une solution composée d’eau et de minerais, imprégnée dans les tissus, les désinfecte en interagissant avec les rayons UV naturels ou artificiels. La solution est directement intégrée dans les velours pour les transports en commun et fonctionne bien pendant environ deux années. Elle peut être ensuite aspergée à l’intérieur des véhicules pour les traiter de nouveau ou traiter d’autres tissus. Cette technologie nécessite l’installation de lampes à très faible rayonnement UV.

La société franco-espagnole poursuit ses recherches pour développer une technologie ne nécessitant pas d’UV, dont sont dépourvues par exemple la plupart des lampes LED actuelles.

Gageons que toutes ces recherches et actions permettront de redonner confiance aux voyageurs pour reprendre le chemin des transports en commun.

Photo de couverture : Pixabay – Helena Jankovičová Kováčová