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💡 Autonomy 2019

Par : Lesley Brown 1 novembre 2019 no comments

💡 Autonomy 2019

Lors de l’édition 2019 du salon Autonomy, le salon annuel qui a lieu Ă  Paris sur la mobilitĂ© urbaine, la prĂ©sence trĂšs forte de services et d’équipements autour des engins de mobilitĂ© Ă©tait frappante par rapport aux Ă©ditions prĂ©cĂ©dentes. Parmi les nouveautĂ©s, un concept de location de casques pliables, destinĂ© aux utilisateurs de trottinettes Ă©lectriques partagĂ©es ; une station autonome alimentĂ©e par des batteries de trottinettes de seconde vie ; et une roue connectĂ©e pour convertir n’importe quel vĂ©lo en vĂ©lo Ă©lectrique.

De telles innovations montrent bien que le marchĂ© de la mobilitĂ© dire « douce » est bouillonnant. Mais les apparences peuvent ĂȘtre trompeuses. Les opĂ©rateurs ont beau avoir inondĂ© les villes avec leurs vĂ©los et leurs trottinettes en « free-floating » pour tuer la concurrence, des problĂšmes de vandalisme et de durabilitĂ© du matĂ©riel ont jusqu’Ă  prĂ©sent contrecarrĂ© leurs efforts pour faire des bĂ©nĂ©fices.

Quand Ă©conomie rime avec Ă©cologie

Ainsi, la rĂ©duction des frais de fonctionnement devient une prioritĂ© pour les opĂ©rateurs qui cherchent Ă  rendre leur activitĂ© rentable. Dans ce contexte, il y a de fortes chances qu’ils prennent plus au sĂ©rieux la recharge des batteries ou l’entretien des vĂ©los et des trottinettes Ă©lectriques.

La start-up française Cyclofix s’intĂ©resse Ă  l’entretien depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ . FondĂ©e en 2016, elle fournit un service mobile Ă  la demande, conçu pour « Îter la contrainte pour l’utilisateur que constituent l’entretien et la rĂ©paration des vĂ©los ». Les clients rĂ©servent un crĂ©neau de rĂ©paration avec un rĂ©parateur, sur le lieu de leur choix, via une application mobile ou un site Internet.

 

 

Le fondateur Alexis Zerbib (photo ci-dessus) pense qu’une maintenance bien rĂ©alisĂ©e est clĂ© pour une utilisation Ă©largie de ce qu’il appelle les « appareils de micro-mobilité » – c’est-Ă -dire les vĂ©los partagĂ©s, les vĂ©los, trottinettes et scooters Ă©lectriques – qui occupent l’espace public, que ce soit aujourd’hui ou demain. « Une approche planifiĂ©e de la maintenance permettrait d’allonger leur durĂ©e de vie, tout en en sĂ©curisant l’usage, » a-t-il affirmĂ© Ă  Futura-Mobility. « Si une trottinette n’est pas entretenue correctement, sa durĂ©e de vie va ĂȘtre de trois semaines seulement, surtout si elle fait partie d’une flotte partagĂ©e. »

L’exemple de la ville de Strasbourg est selon lui exemplaire – « la ville fait trĂšs attention Ă  la durĂ©e de vie des appareils de micromobilitĂ© et elle est trĂšs efficace en termes de maintenance. »

Et puis il y a Smovengo, le consortium qui exploite le service de vĂ©lo en libre-service Paris VĂ©lib depuis janvier 2018, qui, selon M. Zerbib, « consacre beaucoup de temps et d’Ă©nergie Ă  l’entretien des vĂ©los pour allongera la durĂ©e de vie de sa flotte ».

Dans le mĂȘme temps, les Ă©missions de carbone gĂ©nĂ©rĂ©es par les vĂ©hicules circulant dans les villes pour gĂ©rer ces flottes partagĂ©es suscitent des prĂ©occupations croissantes. Il existe Ă©galement une incertitude quant Ă  la durĂ©e de vie des appareils eux-mĂȘmes, qui varie en fonction du matĂ©riel et de l’intensitĂ© de l’utilisation. Selon le site d’informations commerciales Quartz, la durĂ©e de vie moyenne d’un scooter Ă©lectronique Bird dans la ville amĂ©ricaine de Louisville est de 28,8 jours seulement ! Cela a-t-il encore un sens sur le plan financier ou climatique ?

Deux facteurs majeurs contribuent Ă  l’empreinte Ă©cologique des trottinettes Ă©lectriques. Tout d’abord, moins on conduit (des vĂ©hicules Ă  carburant fossile) pour les collecter et les redistribuer, plus l’impact est rĂ©duit. DeuxiĂšmement, l’allongement de la durĂ©e de mise en service des trottinettes Ă©lectriques permet de compenser l’impact de leur fabrication.

 

 

Sur ce point, Cyclofix a la conscience tranquille : tous ses rĂ©parateurs se dĂ©placent Ă  vĂ©lo (Ă©lectrique ou sans assistance). « Oui, nous sommes cohĂ©rents sur toute la ligne », assure M. Zerbib. « Nous utilisons diffĂ©rents modĂšles comme des vĂ©los cargo pour le transport de petits ateliers mobiles, des vĂ©los conventionnels avec des sacs Ă  l’avant et Ă  l’arriĂšre, des systĂšmes de remorquage, etc. »

Une autre rĂ©ponse Ă  ce problĂšme des Ă©missions induites par l’exploitation est la batterie amovible, un modĂšle de fonctionnement adoptĂ© par TIER Mobility. CrĂ©Ă©e en octobre 2018, cette start-up berlinoise exploite aujourd’hui des trottinettes Ă©lectriques partagĂ©es dans plus de 40 villes de 12 pays diffĂ©rents.

 

© TIER Mobility

 

« L’utilisation de batteries amovibles change rĂ©ellement les rĂšgles du jeu », a dĂ©clarĂ© Alexandre Souter, Directeur GĂ©nĂ©ral de TIER en France Ă  Futura-Mobility. « Au lieu de transporter les trottinettes vers un dĂ©pĂŽt pour les recharger, on transporte les batteries vers les trottinettes. »

 

 

Depuis le mois de janvier 2020, l’entreprise a commencĂ© Ă  introduire ce modĂšle d’exploitation interchangeable sur tous ses marchĂ©s. DorĂ©navant, ses Ă©quipes chargent, entretiennent et effectuent des contrĂŽles de sĂ©curitĂ© sur ses trottinettes Ă©lectriques en utilisant des vĂ©los cargo et des fourgons Ă©lectriques, et non plus des fourgons Ă  moteurs thermiques. « Cette mesure permettra de rĂ©duire nos Ă©missions opĂ©rationnelles de 80 % », a dĂ©clarĂ© M. Souter.

  • Selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en 2019 par l’UniversitĂ© d’État de Caroline du Nord, environ 43 % de l’empreinte carbone de la vie d’une trottinette Ă©lectrique provient des opĂ©rations quotidiennes, notamment la collecte et la redistribution.

 

Autonomie 2019 – quelques annonces clĂ©s

  • Uber s’associe Ă  Cityscoot pour ajouter les scooters Ă©lectriques (e-scooters) Ă  son application pour l’Ile-de-France (Paris et sa rĂ©gion) aux cĂŽtĂ©s des vĂ©los Ă©lectriques et des vĂ©los de course.
  • Smart Mobility Lab prĂ©sente son Observatoire de la micro-mobilitĂ©, qui prĂ©voit la vente d’un million de trottinettes Ă©lectriques (e-scooters ?) en 2022, contre 350 000 en 2019 et 232 000 en 2018.
  • Silence Urban Ecomobility, une sociĂ©tĂ© espagnole de mobilitĂ© Ă©lectrique, prĂ©sente trois modĂšles d’e-scooters qui seront bientĂŽt commercialisĂ©s en France.
  • Fluctuo, une start-up spĂ©cialisĂ©e dans la collecte, le traitement et l’analyse de donnĂ©es, lance City Drive, un outil de ‘business intelligence’ pour suivre les services de mobilitĂ© partagĂ©s et leur utilisation dans 24 villes europĂ©ennes.

 

Parlons MaaS, transport public et environnement

 

De gauche Ă  droite: JoĂ«lle TourĂ©, dĂ©lĂ©guĂ©e gĂ©nĂ©rale de Futura-Mobility ; Sylvain Haon, Directeur de la StratĂ©gie de l’UITP ; Hans Arby, fondateur & CEO d’Ubigo

 

L’un des sujets mis en avant dans le programme de confĂ©rences d’Autonomy 2019 Ă©tait la ‘Mobility as a Service’ (MaaS) : l’intĂ©gration et l’accĂšs Ă  diffĂ©rents services de transport sur une seule plateforme numĂ©rique.

Futura-Mobility a profitĂ© de l’occasion pour prendre contact avec Hans Arby, fondateur et PDG de la plate-forme suĂ©doise Ubigo, pionnier dans le domaine de la MaaS. Il a soulignĂ© plusieurs dĂ©fis Ă  relever pour mettre en Ɠuvre cette nouvelle approche de la mobilitĂ©, tels que les diffĂ©rentes approches de gouvernance de l’open data pour la MaaS en NorvĂšge, en SuĂšde et en Finlande. En outre, du cĂŽtĂ© des consommateurs, il reste encore du chemin Ă  parcourir pour les sensibiliser Ă  leur empreinte environnementale. « Ce n’est pas gagné », d’aprĂšs M. Arby. « Amener les gens Ă  changer leur attitude Ă  l’Ă©gard de la mobilitĂ© et leur comportement en matiĂšre de voyage reste un dĂ©fi ».

Se joignant Ă  la conversation, Sylvain Haon, directeur de la stratĂ©gie de l’UITP (Association internationale des transports publics) a expliquĂ© les fondements de la campagne ‘One Planet, One Plan’ – un manifeste lancĂ© par l’UITP en septembre 2019 pour que les transports publics restent en tĂȘte de tous les programmes d’action sur le climat. « Nous voulons faire comprendre aux dĂ©cideurs que chaque solution proposĂ©e pour faire face Ă  l’urgence climatique passe nĂ©cessairement par l’amĂ©lioration des systĂšmes de transports urbains et locaux ».

 

Un bracelet de la campagne One Planet, One Plan, que l’on peut planter, fait de papier recycle et de graines de plantes à fleurs

 

One Planet, One Plan est une campagne en quatre Ă©tapes qui encourage d’abord les villes Ă  donner la prioritĂ© Ă  la marche et au vĂ©lo dans le cadre d’une approche prospective de l’urbanisme. La deuxiĂšme Ă©tape souligne l’importance de renforcer les transports publics en tant qu’Ă©pine dorsale de tous les services de mobilitĂ© urbaine. La troisiĂšme Ă©tape vise Ă  mettre en place des incitations financiĂšres et un cadre rĂ©glementaire pour une transition en matiĂšre d’émissions. La quatriĂšme Ă©tape souligne l’importance de garantir l’accĂšs Ă  des sources d’Ă©nergie propres afin de rĂ©duire davantage l’empreinte carbone.

Bien qu’il prĂ©conise les transports publics de base, c’est-Ă -dire le train, le mĂ©tro, le bus et le tramway, M. Haon insiste sur la nĂ©cessitĂ© d’un plus large Ă©ventail de services de mobilitĂ© et de connectivitĂ© pour complĂ©ter l’offre. “Nous comptons sur l’innovation, sur les plateformes numĂ©riques, pour crĂ©er des liens entre les diffĂ©rentes solutions de transport durable, pour offrir les meilleurs itinĂ©raires aux piĂ©tons, ainsi que diffĂ©rentes solutions de vĂ©lo en libre-service, et pourquoi pas les trottinettes Ă©lectriques, afin d’avoir un transport Ă  la demande qui complĂšte l’effet structurant des transports publics de masse”.

 Douce, active , partagĂ©e, motorisĂ©e
 le sens des mots de la mobilitĂ©

Dans l’espace urbain actuel en constante Ă©volution, les termes de ‘mobilitĂ© douce’ et de ‘mobilitĂ© active’ se confondent. Se rĂ©fĂšrent-ils Ă  la mobilitĂ© non motorisĂ©e, c’est-Ă -dire Ă  la mobilitĂ© Ă  propulsion humaine ? Dans l’affirmative, cela exclut-il les vĂ©los et les trottinettes Ă©lectriques ? Ou bien se rĂ©fĂšrent-ils plus largement aux alternatives Ă  la voiture, en complĂ©ment des transports publics ? Quelle est la place du partage ? Les Ă©missions de carbone doivent-elles ĂȘtre nulles ? Ces termes dĂ©crivent-ils une mobilitĂ© respectueuse des personnes ? Dans ce cas, qu’en est-il des dangers des trottinettes Ă©lectriques sur les trottoirs ?

Pour Alexis Zerbib, la mobilitĂ© douce doit s’intĂ©grer harmonieusement au paysage urbain, ĂȘtre silencieuse et peu ou pas polluante. « Recharger un vĂ©lo Ă©lectrique pesant entre 15 et 20 kg, ou une trottinette Ă©lectrique, nĂ©cessite 50 fois moins d’Ă©nergie qu’un vĂ©hicule avec un moteur Ă  combustion qui va peser environ 1,2 tonne et qui sera utilisĂ© pour transporter une seule personne », a-t-il dĂ©clarĂ©. « La taille et le poids de ces appareils correspondent au nombre de personnes qui les utilisent. Ils n’Ă©mettent que peu ou pas de polluants et contribuent Ă  apaiser les villes en permettant aux piĂ©tons et aux autres usagers de la route de se dĂ©placer Ă  des vitesses acceptables, sans pollution sonore additionnelle ».

M. Haon considĂšre que la mobilitĂ© active, c’est-Ă -dire la marche et le vĂ©lo sans assistance Ă©lectrique, est une nĂ©cessitĂ© pour stimuler la mobilitĂ© globale dans une ville. « Mais nous savons aussi trĂšs bien que cela ne peut pas rĂ©pondre Ă  tous les besoins de transport », a-t-il dĂ©clarĂ© Ă  Futura-Mobility. « C’est pourquoi l’UITP envisage le systĂšme de transport urbain comme un tout, englobant les transports publics de grande capacitĂ©, la marche et le vĂ©lo, ainsi que les ‘nouvelles solutions de mobilité’ comme les VTC, les vĂ©los partagĂ©s et les trottinettes [avec ou sans assistance Ă©lectrique] ».

 

 

L’une de ces ‘nouvelles solutions de mobilité’ est l’autopartage en boucle, basĂ© sur des places de stationnement rĂ©servĂ©es oĂč l’utilisateur prend la voiture et doit la rapporter, par opposition Ă  l’autopartage en free floating. Pour discuter de ce mode de transport et de sa compatibilitĂ© avec l’Ă©volution des usages de mobilitĂ©, de l’espace urbain et le changement climatique, Futura-Mobility a rencontrĂ© Xavier Corouge (photo ci-dessus), directeur gĂ©nĂ©ral de la Business Unit MobilitĂ© urbaine d’Europcar Mobility Group.

« Dans notre vision de la mobilitĂ© urbaine, l’Ă©pine dorsale doit rester les transports publics Ă  grande capacitĂ©, principalement le rail », a-t-il dĂ©clarĂ©. « Cependant, comme le rail ne peut pas rĂ©pondre Ă  tous les besoins, nous devons pouvoir associer Ă  cette Ă©pine dorsale des solutions adaptĂ©es Ă  chaque besoin, comme l’autopartage ».

 

Interview complÚte de M. Corouge  >>> ON BOARD WITH